Digital Media / Dark Music Kultüre & more

Chroniques

Musiques, films, livres, BD, culture… Obsküre vous emmène dans leurs entrailles

Image de présentation
Album
11/04/2024

Ride

Interplay

Label : Wichita Recordings / Pias
Genre : tentatives
Date de sortie : 2024/03/29
Note : 55%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Prolongement de discographie pour Ride, en grand format : le son est ample, les volutes ne cachent rien des couches superposées et la voix, mise en avant, flotte sur les riffs ("Peace Sign"). Interplay est le troisième album des Anglais depuis leur retour en 2017.

Il faut attendre le deuxième titre, "Last Frontier", pour qu'un peu de magie se mette en place : les harmoniques sont belles, évoquant le "Pure" des Lightnings Seeds. La voix douce prend nos mains et nos esprits pour raviver les saisons de la noisy-pop, du shoegaze ou de la dream-pop triomphante du début des années 90. Toutefois, on ne retrouve pas les gros muscles qui avaient marqué les esprits : ici pas de "Decay", ni de "Chrome Waves" et encore moins de "Leave them all behind". En revanche, Ride reprend ses travers néo-hippie (cf l'album Carnival Of Light) bien trop légers et gentillets à mon goût ("Last Night I went somewhere to dream" chaloupé dans le bon sens, mais qui perd de vue ses objectifs, s'endormant sur lui-même). "Essaouira", en fin d'album, parvient cependant à installer une ambiance, du fait de son titre, du parti-pris de l'exotisme affiché et de l'aspect farniente assumé. On fait face aussi à des compositions un peu trop génériques dans leur structure couplet-refrain et leur formulation rock. "Monaco" n'a pas d'éclat, et, en 1992, un titre comme celui-ci se serait fait rétamer face aux sorties de The Verve, Oasis, Supergrass et Blur. "Stay free" est un hommage correct aux capacités de The Jesus And Mary Chain, quand bien même le break au passage des trois minutes est plus personnel. Pas de quoi s'extasier alors que sort un nouvel album des frères Reid, autrement plus tapageur, et que Laurence, le batteur de Ride, a joué avec Supergrass et TJAMC et doit savoir reconnaître les qualités d'un grand disque.

La deuxième partie de "Light in a quiet Room" (après encore un trip trop paisible à mon goût) est ce que j'attends de Ride : une lumière intense, éblouissante, du tapage et de la surprise. J'apprécie également les intentions du titre "I came to see the Wreck", qui tourne le dos au passé et ose tenter une composition plus complexe et clairement moderne dans sa réalisation. Alors que le rock mainstream est en agonie douce depuis quelques années, Ride dévoile ce que serait un tube mid-tempo avec ce qu'il faut de grandeur tout en évitant les charges héroïques trop visibles. Vient enfin un troisième coup de semonce, immédiat, valeureux, évident : "Midnight Rider" tient avec sa basse et ses envolées lead (un soupçon du final de "Eye" des Smashing Pumpkins). C'est beau, gracile et puissant. Pourquoi le groupe n'arrive-t-il pas à cumuler plus de titres de ce niveau ?

C'est que le disque est long : douze titres là où huit auraient suffi à donner de la variété et obligé à des choix drastiques et salvateurs. "Yesterday is just a Song" est un final habile, délicat et tempéré, introspectif et proche des oreilles. Il y a donc encore un sens esthétique et émotionnel fort chez Andy et Mark. 

Pour être un peu vachard et achever la chronique (pas le groupe, il ne nous lira pas...), je me souviens que Ride à sa naissance était présenté comme un successeur possible de The Cure. On y avait cru temps même si la barre était très haute. Le septième album studio du groupe de Robert Smith s'appelait Kiss Me Kiss Me Kiss Me. Il n'y a pas photo.

Tracklist
  • 01. Peace Sign
  • 02. Last Frontier
  • 03. Light in a quiet Room
  • 04. Monaco
  • 05. I came to see the Wreck
  • 06. Stay free
  • 07. Last Night I went somewhere to dream
  • 08. Sunrise Chaser
  • 09. Midnight Rider
  • 10. Portland Rocks
  • 11. Essaouira
  • 12. Yesterday is just a Song