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Les incessants crépitements de l'ombre

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Edito
02/01/2025

2025, ensemble

La part enténébrée de l’art | Depuis 25 ans sur le web, votre présence, notre partage

Peinture : J. de Ribera – Allégorie de l’Odorat (1615-1616)
Posté par : Emmanuël Hennequin

À l’ouverture de 2025, nous vous souhaitons de vivre pleinement.

Pleinement au sens de la volonté, la conviction que vous mettrez dans un projet que vous entreprenez, pour vous-même ou pour les autres. Pleinement, au sens d’une qualité de lien travaillée et éprouvée avec celles et ceux qui vous entourent, et offre à vivre partage authentique. Pleinement, au sens du jaillissement émotionnel face aux beautés de l’art ou de ce mot que l’autre vous adresse. Pleinement, au sens d’un positionnement à trouver pour chacun dans un monde dans lequel il peut avoir le sentiment que se brouillent les repères du vivre ensemble. Pleinement, au sens de s’emparer des possibles qu’ouvre ce monde plutôt que de céder au ressassement de la crainte face à l’inconnu ou l’étranger dans laquelle nous enferment la donnée anxiogène, le bruit du monde et de ses milliards de bulles numériques, ces murs de carton-pâte que nous échafaudons autour de nous-mêmes.

2025 est notre quart de siècle numérique. Par le biais d’Obsküre, nous vous avons dit depuis 1998 (sur le papier, par moments) et 2000 (sur le web) notre ressenti face aux beautés ou tensions que nous percevons dans ce que d’autres ont échafaudé par l’image, le son, les lettres. Le temps que nous consacrons à chaque mot pour vous est sans doute un moment que chaque contributeur restaure pour lui-même de distance face au monde, pour mieux le retrouver, vous retrouver par suite.

Que nous focalisions alors et souvent – sans que cela fasse loi – sur la part enténébrée de l’art, tient au fait qu’il s’y reflète la question qui nous travaille, celle qui hante notre parcelle d’humanité. Obsküre est une manière que nous avons de vivre à l’intérieur du monde, de vivre avec vous, et nous le faisons pour cette étincelle qui peut jaillir du partage. Chaque mot s'inscrit dans une forme de respect pour un travail, et il est le fruit d'un conciliabule en solitaire. Ce respect passe, pour chacun(e) d'entre nous, par l'approche d'une vérité dans ce qui est dit du ressenti. Et cette approche forme la marque de notre respect pour vous - parce que vous et nous avons une parcelle en partage, et parce que nous la cultivons ensemble.

Si notre appétit n’est, pour tout vous dire, que de petite mine face à la part de ce monde où certain(e)s croient que la science est une "opinion" ; où les besoins d’autorité et de sécurité nous semblent prendre le pas sur celui de la démocratie ; où le décret l'emporte sur la raison ; où les avidités du "croire" et du "pour soi" creusent les antagonismes et l’oubli de notre appartenance à la nature ; où l’immédiateté et le bruit de la surréaction à tout, en permanence et souvent sur la foi de peu, couchent la partition du quotidien – une partition dont la superficialité le dispute à son encombrement, 

En dépit de tout cela, 
Nous ne saurions renoncer à lui. Nous voulons vivre à l’intérieur. 
Parce que ce monde nous donne à vous rencontrer, et parce que dans ce point de croix nous trouvons le libre-arbitre et espérons modestement nourrir le vôtre. 

Nulle technologie, nul homme à nous providentiels. La parole qui s’arroge la définition d’une vérité n’est que la musique qui s’est imposée à des masses ayant trouvé refuge dans l’impensé. Mais l’odeur des choses est moins celle d’un parfum que l’on vous met sous le nez, que celle de la destination à laquelle vous parviendrez au bout du voyage qu’elle vous fera entreprendre. Tenez les rames, contemplez, restez curieux, investiguez, combattez vos propres idées et conservez le plus précieux cadeau qu’à notre sens il est possible de vous faire à vous-même : l’esprit critique. Très bonne année 2025.