Alice Gift s'est enregistré en live sans public. Alex Grunwald et Jack D'Souza-Toulson ont shooté les images pour ce titre inédit, "The last Prey". Un peu de fumée, lumières jaunes comme un soleil sale, pourpres comme un cœur ensanglanté. La voix se nimbe d'échos, les riffs fusent à la façon de larsens, la caméra se promène, fiévreuse. Elle traque, surveille, protège et encercle. Quelques saccades dans le montage pour changer de plans, le rendu live n'en est que meilleur tant il semble qu'on soit sur une prise unique. La dimension possédée de la musique est celle mise en avant ici, noirceur des habits, sourire aux claviers car la force et la tension font du bien : la colère est hypnose autant que libération.
Le jeu sur les focales permet des échanges entre les quatre musiciens. Ces échanges sont importants car ce morceau est une réaction aux accusations d'abus de pouvoir et d'abus sexuels (Nicolas, le chanteur, cite Marilyn Manson notamment). La compassion va aux victimes, une empathie renforcée aussi par une désillusion : pour Alice Gift (le groupe), MM jouait du côté des faibles et des marginaux, les représentait, sinon les défendait. Or, dans l'ombre, il est aussi présenté par des femmes comme un dominant, un prédateur. Les stroboscopes (choix des lumières et mixage du son par Michel Tittlepp) n'interviennent qu'avec parcimonie, pour le final, jeté, rageur, sur un fondu au noir.
Vous avez raison.