L'écrivaine qui a couché Entretien Avec Un Vampire (volume culte paru en 1976, adapté au cinéma dix-huit ans plus tard) est décédée ce weekend, le 11 décembre 2021, à l'âge de quatre-vingts ans. C'est son fils, Christiopher Rice, qui l'a annoncé officiellement sur les réseaux sociaux. Pétrie de questions existentielles et spirituelles, Mrs Rice a contribué de manière remarquée à la réinvention du mythe vampirique dans le dernier quart du XXe siècle, et au-delà. Sa vision s'est déclinée sur de nombreux volumes, tous n'ayant bien sûr pas connu le même succès mais exhalant pour la plupart un parfum de soufre et d'érotisme mêlés. Le registre érotique est celui de ses débuts, et la perte de sa fille Michele, en 1972 (leucémie), précipite sa "révélation vampirique". Entretien Avec Un Vampire, publié finalement par Knof, est le premier des fruits de la perte.
L'ensemble de son œuvre vampirique, surnommée Les Chroniques des Vampires, ne doit pas cacher une autre forêt : Rice inscrivait son écriture dans d'autres registres : histoire, pornographie sous pseudo (les gens polis disent "pornographie élégante"). Une pluridisciplinarité aiguisée et tout en contraste.
De la spiritualité, cette croyante a aussi fait une profonde affaire personnelle, jusqu'à coucher un volume dédié au thème (Christ The Lord, 2005). Un temps éloignée de l'église, elle l'avait rejointe en 1998 dans l'espoir de retrouver une paix... avant d'annoncer officiellement en 2010, au nom de son refus du discours antiscience et de son rapport de respect vis-à-vis de certaines minorités, que c'en est terminé pour elle de tout lien avec l'église catholique.
Et les mots sont dits. À l'époque de la sortie de Wolf Gift, elle déclare à Wired (dans le podcast The Geek’s Guide to the Galaxy) avoir abandonné l'église catholique : elle sentait "en fin de compte que c'était un système de croyances très malhonnête et déshonorant, qu'il était fondé sur des contradictions, des absurdités et des mensonges purs et simples ; et que la grande majorité des chrétiens, d'après ce que j'ai pu voir, ne connaissaient pas leur propre religion, ne connaissaient pas son histoire, ne connaissaient pas vraiment ses documents fondateurs et ne voulaient en aucun cas en parler de manière critique. Pourtant, ces mêmes personnes entraient dans l'arène publique en Amérique et dépensaient des millions de dollars pour essayer d'empêcher les homosexuels de contracter un mariage homosexuel dans l'État de la Californie. Et je me suis sentie dégoûtée par tout ça."
