"Fate" est le nouveau clip dévoilé par les Niçois Corpus Delicti, une semaine avant la parution du prochain album Liminal, le 28 novembre 2025. Vous y suivez les pas d’une certaine jeunesse, jusque dans cette salle obscure où joue un certain groupe. Mais que porte donc cette jeunesse en elle ? Allez regarder "Fate" : un mini-film qui capture des moments de vie et transporte un message que Sébastien Pietrapiana (chant) gardait pour lui depuis une trentaine d’années. Le frontman dévoile à Obsküre les coulisses de l’exhumation de ce message… et le fait en compagnie d’un certain Elliot, à l’œuvre sur différents aspects visuels pour Corpus Delicti depuis son retour. Pour la première fois, le fils de Sébastien parle aux côtés de son père d’une action personnelle au service du groupe, et de la manière dont interagissent et se relient aujourd’hui les générations à travers l’art nouveau de Corpus Delicti. Exclusif.
Obsküre : Que nous conte le morceau "Fate" ? Dans quel contexte ce texte a-t-il été écrit, que nous dit-il de quel moment de vie ?
Sébastien Pietrapiana : ce morceau a une vraie histoire. J’ai en fait écrit ce texte et cette mélodie en 1995, j’avais donc 22 ans… l’âge de mon fils Elliot aujourd’hui. Musicalement, le morceau n’avait rien à voir. C’était une démo faite après Obsessions (NDLR : le troisième album de Corpus Delicti) avant notre virage pseudo indus. Mais j’ai toujours gardé un attachement particulier pour cette chanson. Nous travaillions sur Liminal avec Christophe (NDLR : Baudrion, basse) et Franck (NDLR : Amendola, guitares), ils me font écouter un nouvel instru qui m’emballe tout de suite. Je rentre à la maison avec afin de trouver une mélodie et là, instinctivement, c’est celle-ci qui arrive. Et miracle, mélodiquement, tout collait parfaitement, couplets/refrains. Le texte est un constat d’un jeune homme de 22 ans sur le passage à l’âge adulte. L’impression qu’avec les années, le cœur s’assèche et les émotions disparaissent. Cette idée m’est clairement venue d’une réplique de Breakfast Club, un film que j’ai dû voir 50 fois. "When you grow old, your heart dies." C’est très émouvant pour moi de chanter cette chanson aujourd’hui, et de donner vie à ce texte qui résonne encore à mon âge.

De quelle manière s’est déroulée l’interaction entre le groupe et Elliot pour la réalisation de la vidéo ? Qui était en lead sur le projet de clip pour "Fate" ?
Sébastien : Elliot, ce n’est pas un secret, est mon fils. Il travaille avec nous sur le graphisme du groupe depuis trois ans maintenant. Très vite, quand l'idée du clip a germé, je lui ai proposé qu'on le fasse ensemble. L'idée du scénario permettait qu'il soit à la fois acteur et derrière la caméra. Je me suis plutôt occupé de la partie scénario du coup, nous avons dirigé ensemble les acteurs pour le tournage, et Elliot a ensuite géré le montage.
Elliot Pietrapiana : L’interaction entre le groupe et moi a commencé lorsqu’ils ont repris les concerts. Au départ, j’essayais de les suivre sur leurs dates pour vendre le merch, puis au bout de deux ou trois concerts, je me suis dit : "Et si j’essayais de prendre quelques photos ?" J’ai donc acheté un petit boîtier, et c’est là que ma passion pour la photo et l’image est née. Je fais aussi pas mal de graphisme, donc je m’occupe du design des dernières pochettes de singles/albums ainsi que du merch, je m’étais occupé aussi de la direction artistique du clip de "Chaos". J’aime l’idée de participer à la construction de l’image d’un groupe, c’est quelque chose qui me passionne. Nous avons réfléchi tous les deux, avec mon père, pour réussir à inventer quelque chose pour ce clip. Je m’intéresse depuis pas mal de temps aux vieilles caméras et au rendu vintage des caméscopes ; c’était donc une super occasion d’expérimenter tout ça.

Le clip porte en avant des personnes d’âge jeune, et l’exutoire des moments de vie égrenés est cette salle où joue Corpus Delicti. Comment prend forme cette idée dans l’histoire du clip et que se niche-t-il derrière cette mise en valeur de la jeunesse ?
Sébastien : nous avions depuis un moment dans l’idée de mettre en scène la jeunesse et quand ce texte a refait surface, il était évident que c’était le bon titre. Par rapport à ce qu’il raconte, mais aussi parce que j’avais l’âge de ces jeunes gens quand je l’ai écrit.
L’idée était vraiment de les filmer dans leur quotidien. Le caméscope est vite apparu comme un outil essentiel, il faisait aussi référence au fait que j’ai passé mon adolescence à me filmer, me mettre en scène avec mes amis avec cette caméra. Inclure le pote qui filme ses amis au camescope toute la journée s’est vite imposé. C’est Fabrice, notre batteur, qui a suggéré que l’on suive ce groupe de jeunes le jour d’un concert de Corpus. À partir de cette idée, nous avons élaboré le déroulé de la journée avec Elliot.
Elliot : Je pense que c’est aussi une forme de remerciement à la nouvelle génération de fans de Corpus. Dès les premiers concerts de la reformation, le groupe a été très étonné de voir de jeunes adolescents au premier rang, accrochés à la barrière, demander des autographes et des photos à la fin des concerts. Je crois que le groupe est profondément touché de voir cette jeune génération s’intéresser à leur musique. Les jeunes acteurs avec qui nous avons travaillé dans le clip sont de vrais fans de Corpus que nous avions rencontrés lors de concerts ! C’était vraiment chouette de pouvoir réaliser ce projet avec eux.
Elliot, à quel âge as-tu découvert la musique de son père et de ses collègues, et comment t’a-t-elle été présentée ? Quel rapport émotionnel entretiens-tu avec elle ?
Elliot : J’ai envie de dire que j’ai découvert la musique de mon père à ma naissance. J’ai baigné dans la musique depuis tout petit. Je voyais mon père en faire à la maison, et mes parents m’emmenaient avec eux dès qu’ils allaient voir un concert. C’est vraiment grâce à eux que ma passion pour la musique est née. J’ai toujours été très curieux vis-à-vis de la musique que fait mon père… même si je n’ai toujours pas lu la biographie parue chez Camion Blanc - je sais, il faut que je me rattrape ! Je suis donc super content de pouvoir apporter ma petite touche à l’univers de Corpus. On a même eu l’occasion de collaborer sur deux morceaux du dernier album de Kuta, "In Waves" et "Polaroid".