Les morts ne se comptent plus sur la route, celle-ci en particulier ; mais le jour où nous quitte une icône, les cloches résonnent d'une manière singulière de par le monde. David Johansen, 75 ans, enfant de la classe moyenne américaine, une sensibilité arrimée au blues et au rock'n'roll, connu aussi à la fin des années 1980 sous le pseudonyme Buster Poindexter, frontman des punks glam émergents New York Dolls, s'est éteint le 28 février 2025. Il était, comme on l'a dit souvent, le "dernier des Dolls".
Son départ a lieu dans des circonstances malheureuses et connues pour une partie d'entre elles : l'homme luttait contre la maladie depuis des mois et des mois, le scorpion était là depuis 2020. Tumeur au cerveau. Sur la période récente, deux chutes avaient aussi endommagé son dos, le tableau avait pris sombre tournure et lui-même verbalisait le besoin d'aide. Le système du crowdfunding avait alors été solicité pour aider le chanteur à faire face aux coûts des traitements.
La nouvelle de sa disparition a été officialisée par sa représentation officielle (Carla Parisi, Kid Logic Media) et par celui qui parle pour la famille, Jeff Kilgour. Ses proches entouraient David à son domicile de Staten Island, au moment du départ : sa femme, Mara Hennessey (sa troisième épouse après Cyrinda Foxe et Kate Simon) et leur fille, Leah. Le moment s'est déroulé, disent les présents, dans un mélange "de musique, de fleurs et d'amour".
Il reste le son. Une énergie singulière, pour le moins, se manifesta à travers ces New York Dolls au sein desquels Johansen s'activa furieusement aux côtés, entre autres et aux tout débuts, du guitariste Johnny Thunders. Après une première aventure au sein de Vagabond Missionaries, à la fin des années 1960, sa voix marqua donc l'histoire des "Poupées" dès leurs premiers enregistrements (le fameux album homonyme sur lequel officient, outre Thunders et lui, les personnes de Sylvain Sylvain (guitare, piano), Arthur "Killer" Kane [basse] et le batteur Jerry Nolan.
Son successeur, en 1974, s'intitulera Too Much Too Soon, et le reste appartient à l'histoire. Des retours, une optique solo, un New York Dolls partiellement reformé en 2004 (une performance au Meltdown) puis auteur d'un nouvel opus studio en 2006 (One Day It Will Please Us to Remember Even This), suivis de deux autres dans les cinq années qui suivirent (2009, 2011). La marque vivait mais la fatalité s'en était mêlée... Néanmoins, une partie de l'histoire demeurait : Sylvain Sylvain restait aux côtés de Dave, ils s'étaient toujours bien entendus.
Dans une déclaration hommage à David, Steve Stevens, icône glam et partenaire historique de Bily idol, revient sur l'essence des choses : "La technique n'a jamais été un enjeu pour le rock de New York Dolls. Il s'agissait toujours de donner forme à un son du métro, les poubelles qui débordent, puantes, les inadaptés de Times Square... Tout cela, les Dolls l'ont fait à la perfection." Interviewé par Uncut en 2023, Johansen faisait cette déclaration qui finira en une : "Aujourd'hui je peux regarder en arrière et me dire : 'ouais, c'était vraiment quelque chose'."
