C'est avec tristesse et choc que nous avons appris hier soir mardi 24 mai 2022 la disparition de Guillaume Bideau.
Né à Evry, Guillaume était un homme de l'art. Son, image, production, vous ne comptez pas ses projets. Musicien (il pratique la batterie à partir de ses quinze ans, instrument qu'il considère être "le coeur de la musique" - et plus tard, il y aura la guitare et la basse), chanteur, producteur (Dogs In The House Prods), Bideau devient photographe après avoir longtemps ruminé, plus jeune, des désirs difficiles à concrétiser matériellement. Mais il y parvient. Il économise et achète son matériel. Le studio est créé en 2005. Ci-dessous, une image récente dont il se dit fier. Comme on le comprend.
Le chant arrive tôt dans sa vie. Sur un ton rigolard, il explique ainsi à La Grosse Radio que "ça remonte à quand j’avais quatre ans chez ma grand-mère… À la radio j’ai entendu "Mexico" et du coup je me suis lâché, j’avais déjà le vibrato et tout, les voisins ont même été surpris et du coup j’ai pris quelques cours de chant. Après, en grandissant, j’ai été à fond dans Guns n’ Roses ou Rage Against The Machine avant de découvrir le metal vers quatorze ans grâce à Pantera. Très vite j’ai trippé sur leurs vidéos avec mes potes et c’est là que j’ai eu l’idée de devenir chanteur metal !" Bonne idée. Et lorsqu'il passe à l'action, en studio, c'est d'une certaine façon, en privilégiant l'angle de la spontanéité : il n'aime pas forcément arriver trop préparé, préfèrant l'énergie de la prise.
Bideau semble aussi favoriser une approche "familiale" dans les choix qu'il fait. La qualité du lien compte, la compétence de ses partenaires ne suffisant pas toujours. Ainsi l'explique-t-il (franchement) à l'occasion d'un entretien donné à VS : "Chose primordiale pour moi : je ne peux pas faire de zic avec des cons... Tous les salopards qui jouent à mes côtés dans chacun de mes groupes ou projets sont presque comme mes frères."
Homme de coeur, homme d'envies. Ainsi en studio, il ne refuse pas les invitations s'il pense que ça vaut le coup (Lyzanxia, Iron Mask, Magic Kingdom, T.A.N.K., Empyrios, 6:33...). Mais Guillaume a surtout marqué de son empreinte moult projets musicaux dans lesquels il s'installe... au premier titre desquels - en ce qui nous concerne - Scarve et Mnemic ("Passenger, un disque fait dans l'urgence") : des références qui ont bercé Obsküre à l'époque de notre émergence sur le web. Ajoutez The Cube, One-Way Mirror, dans un autre genre encore Boy DamonT (créé par l'ami François Gay) et plus tard Stereobastards (electro-pop-rock), et la photo se précise. Ci-dessous, quelques-unes (deux seulement, car il y en a tellement...) des pochettes de disques auxquelles nous associerons toujours Guillaume.
En production, Guillaume voulait aller jusqu'au bout mais ne trichait pas. Sa conception était celle d'une haute fidélité, à tous les sens du terme. Il tenait, en toute logique, à ce que le groupe assume dans les conditions du live ce qui avait été posé en studio. "Vous devez être capable de reproduire sur scène ce que vous avez délivré sur album", disait-il.
Guillaume avait tourné à l'affiche avec des grands (Metallica, Deftones...) et si sa vie a été remplie à ce point, c'est parce qu'il n'avait pas qu'un talent atypique. Il allait de l'avant. Ce surdoué multicompétences laisse l'image d'un homme de projets. Il avait récemment déménagé vers Poitiers, où d'autres aventures l'attendaient. La musique, heureusement, reste pour toujours. Lorsque l'interlocuteur lui demandait ce qu'il voulait que sa musique soit, et donc ce qu'elle laisse, il n'y allait pas par quatre chemins :
"Tout ce que je veux c'est qu'elle soit comme j'ai envie de l'entendre... C'est-à-dire:
- Qu'elle te donne envie de te bouger le cul, de faire la teuf et de headbanger.
- Que le refrain te reste en tête après seulement une ou plusieurs écoutes.
- Que t'aies envie de l'écouter avec tes potes.
- Que dans cinq ou dix ans tu l'écoutes et te dises que c'est de la balle."
Guillaume, merci. Tu as réussi ton coup.
C'est de la balle mec.
