Nick Cave, qui a publié avec Nicholas Lens le volume L.I.T.A.N.I.E.S. chez Deutsche Grammophon en fin d'année dernière (volume pour lequel il a assuré la production textuelle), annonce sur The Red Hand Files mettre à profit le temps de pandémie qui paralyse son activité live pour s'adonner aux joies de la création.
Le mot joies s'inscrit néanmoins dans un contexte assez... nuancé.
La Covid-19 a touché certaines de ses connaissances et lui-même dit vivre assez mal cette période de réclusion durant laquelle il ne peut retrouver l'intensité des moments de la scène. Impression de ne vivre qu' "à moitié", posée ainsi en ses propres mots : "À bien des égards, le confinement m'a semblé étrangement familier, comme je l'ai déjà vécu. Je suppose que cela ne devrait pas être une surprise car j'ai été accro à l'héroïne pendant de nombreuses années et l'auto-isolement et la distance sociale étaient la règle du jeu. Je connais aussi bien les mécanismes du deuil - le deuil collectif fonctionne d'une manière étrangement similaire au deuil personnel, avec sa sombre confusion, sa profonde incertitude et sa perte de contrôle. Pour moi, le confinement ressemble à (...) une formalisation du genre de comportement de type ermite auquel j'ai toujours été prédisposé. Donc, difficile aussi de voir la dévastation et l'angoisse causées par la pandémie - y compris dans la vie de mes proches et de beaucoup de ceux qui ont écrit dans The Red Hand Files - [mais personnellement,] je vais bien. Je suis surpris, cependant, de sentir à quel point le fait de ne plus pouvoir jouer live a été difficile. (...) Il y a un désir terrible et le sentiment d'une vie à moitié vécue. Le frisson de la scène me manque (...), l'abandon complet au moment, la perte de soi (...), la religion, le glorieux échange de fluides corporels - et The Bad Seeds eux-mêmes, bien sûr, dans toute leur imprudence et leur splendeur. Comme ils me manquent... Autant m'asseoir derrière mon bureau peut m'apporter beaucoup de joie et l'imagination peut être un endroit stimulant, voire dangereux, autant j'aspire à l'abandon du spectacle vivant. Quoi qu'il en soit, comme promis dans mon dernier message, je suis allé en studio - avec Warren - pour faire un disque. Il s’appelle CARNAGE."
Lui et Warren Ellis sont donc au travail.
Pour l'heure, il n'est pas apporté éclaircissement sur le fait que Carnage sortira sous le nom des Bad Seeds ou sous celui des deux protagonistes principaux - mais (de notre point de vue) une sortie courant 2021, a maxima 2022, est probable. Plus de précisions, n'en doutons pas, dans les temps qui viennent.
