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Livre
02/11/2022

Alice Butterlin

Les Heures Défuntes

Editeur : Le Gospel
Genre : Écrits d’inspiration musicale
Date de sortie : 2022/10/18
Note : 76%
Posté par : Mäx Lachaud

Lancer une nouvelle maison d’édition est un pari à la fois courageux et enthousiasmant. Après avoir été un blog et une revue, Le Gospel annonce ses premières sorties cet automne : L’Histoire Secrète De Kate Bush (& L’Art Etrange De La Pop) de Fred Vermerol en novembre, et ce mois d’octobre Les Heures Défuntes d’Alice Butterlin, qu’il est difficile à ranger dans la catégorie roman, journal intime ou recueil car c’est un peu tout cela à la fois. Clairement, la musique et la culture underground jouent ici un rôle majeur, comme ce sera apparemment le cas avec les futures parutions du Gospel. Elles servent de matière première à une écriture lyrique, généreuse et autobiographique. Quasiment chaque chapitre est d’ailleurs lié à un album, un artiste, une atmosphère.

Nous sommes ici face à une narration à la première personne – si ce n’est pour un chapitre – où une jeune femme fait face à la dépression et se réfugie dans le sommeil. Abandonnée à elle-même, elle se remémore des souvenirs de plage à Biarritz ou un séjour dans le Wisconsin chez une famille protestante convaincue de l’existence de Satan. Comme accompagnateurs dans son introspection, elle a convié la musique de Pharmakon, de Mark Mothersbaugh (Devo), de Bradford Cox (Deerhunter), de Broadcast, d’Elliott Smith ou de Harold Budd, elle s’est plongée dans le travail photographique de Nan Goldin, dans le film japonais Hausu ou dans les enregistrements des voix des morts. Hypersensible aux sons, la narratrice fait voyager son imaginaire à défaut de sortir de chez elle, ou en tout cas elle se coupe du monde pour mieux le retrouver plus tard.

L’écriture de ce petit livre est habitée, exigeante, parfois proche de la confession et parfois plus symboliste. Et même si c’est un format poche, les illustrations de Romain Barbot lui donnent beaucoup de classe. Au bout du compte, le sujet n’est rien d’autre que la force cathartique de l’expression artistique. Une bonne mise en condition pour accueillir les prochaines sorties de la maison d’édition. À suivre, assurément.