Andrew Ostler, Opus V. L’homme se réinvente en permanence, chaque disque forme une surprise. The Blind Sublime : quatre parties, des vents, un souffle, saxophone, manipulations, synthétiseur modulaire. Mais au front, il y a l’imprégnation par les voix. L’incorporation du chœur n’est pas un processus décrit, mais les voix tissent un fil conducteur parmi les plus voyants, celui qui transporte l’émotion charnelle.
Ce son, travaillé en discrétion par les effets, tourne autour d’une lumière insaisissable. Ostler cherche l’issue. Et un sentiment s’installe à l’écoute de cette charge en clair-obscur : le multi-instrumentiste offre écho aux préoccupations les plus intimes des hommes. Vers quoi nous dirigeons-nous, quelle valeur prend la vie ? L’angoisse pour soi est la même que celle pour l’ensemble. Foule de questionnements que ceux qui vous traverseront l’esprit à l’écoute de cette musique, l’émotion est de haute intensité. L’éclat choral de The Blind Sublime jaillit des trois premières structures, dont l’addition rejoint la temporalité de l’entière seconde partie du disque : un titre unique de presque vingt minutes, "Meditation".
La première partie du disque oscille entre des formes très travaillées et concentrées de musiques ambiante et sacrée (écoutez les nappes introductives gainées de vents de l’introduction de "Confession", écoutez ces voix qui se posent). Il y a une vibration contemporaine. Ostler pousse alors le propos dans ses retranchements les plus religieux : les voix œuvrent et c’est juste à tomber. Le final de la première moitié, "Adoration", confirme une beauté chorale qui atteint sa forme la plus concentrée, sans qu’elle soit la plus directe ou démonstrative, sur le grand final, apogée dronesque. The Blind Sublime : musique à l’intensité rare, de ces moments qui vous font dire que ce n’est pas simplement un disque sorti parmi d’autres fin 2024. Les voix montent vers le ciel ("Adoration"). C’est un disque important, un disque qui restera.
