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EP
12/08/2020

Apoptygma Berzerk

Nein Danke!

Label : Tatra Records / Pitch Black Drive
Genre : synth pop
Date de sortie : 2020/06/16
Note : 60%
Posté par : Thomäs G

Ces deux dernières années, Apoptygma Berzerk s’est attaché à faire revivre un glorieux passé, avec la réédition du fondamental Seo Di Gloria, et sa version modernisée et remixée SDGXXV, dont on a d’ailleurs parlé ici même. Il était donc temps pour le groupe de revenir aux affaires avec de nouvelles compositions au travers, dans un premier temps du moins, de ce nouvel EP, Nein Danke!

Dès les premières minutes de "Soma Coma", on est en terrain connu : un beat accrocheur, des synthés entraînants et délicieusement kitsch, sur lesquels se pose le chant mélodique de Stephan Groth… on est en plein dans la future pop de la belle époque (ahh, Welcome to Earth...)… mais vingt ans plus tard. "Atom & Eve", sympathique, ne dévie pas de la trajectoire, tandis que "A Battle for the Crown" lorgne un brin vers une darkwave à la Xymox, terriblement 90’s. "Nearest", balade typique, clôt avec cohérence la première partie de cet EP.

À ce stade de l’écoute les sentiments sont mitigés : on se replonge avec plaisir dans cette synthpop classique et efficace, le genre n’ayant pas offert grand-chose de neuf ces derniers temps. En même temps on ne peut s’empêcher de réaliser que rien n’a changé en vingt ans, et qu’on aurait pu attendre quelque chose de mieux de la part d’Apoptygma Berzerk.

La surprise arrive cependant avec le remix de "Deep Red" qui transfigure ce hit EBM en petit chef d’œuvre atmosphérique, lent et oppressant, à des années lumières de l’original. Une relecture vraiment appréciable et qui relance très fortement l’intérêt de cet EP après un début en demi-teinte. Semblant confirmer que le salut est dans les remixes, la version Drugwar de "A Battle for the Crown" ajoute une grosse dose de stéroïdes à l’original : le morceau revient cette fois avec une grosse rythmique clubesque, noyée d’infrabasses, ce qui lui donne finalement un peu de l’ampleur qui lui manquait. On ne s’attardera par contre pas sur "Atom & Eve (C-64 Version)", amusant à la première écoute, vite irritant par la suite. "Jennifer Corvino" clôt l’album de façon surprenante, superbe piste instrumentale et atmosphérique au piano, soulignée par de longues nappes de synthétiseurs gothiques et glauques. On imaginerait fort bien ce morceau en musique d’ambiance d’un jeu vidéo d’horreur… Excellent !

Au final, Nein Danke! est un objet déroutant et inégal, sur lequel se côtoient un son Apop old school, quelques remixes intéressant, une piste ambient surprenante… Il y en a pour tous les goûts mais on peine un peu à s’y retrouver ; et au fil des écoutes, on se demande quand même où tout cela veut vraiment en venir. Les fans seront tout de même ravis de mettre la main sur quatre "vrais" nouveaux morceaux synthpop, agrémentés de quelques bonus. Aux autres, on recommandera plutôt d’attendre un éventuel nouvel album.