Il semble qu’Ataraxia a toujours fait partie de nous. Bientôt quatre décennies qu’ils sortent des disques à un rythme soutenu (vingt-neuf albums en trente-neuf ans d’existence), avec certes des hauts et des bas, mais le trio reste soudé autour de la voix délirante et opératique de Francesca Nicoli, les arpèges de guitare de Vittorio Vandelli et les synthés de Giovanni Pagliari. Présenté comme la seconde partie d’une trilogie débutée avec Pomegranate (2022), le disque mêle l’ancien et le moderne à travers son instrumentation et ses textes (poèmes en diverses langues écrits par Francesca Nicoli et Mara Paltrinieri) et cherche à décrire une île mythique imaginaire où règnent l’harmonie, la danse et la sérénité.
Le style Ataraxia est immédiatement identifiable, entre néofolk, néoclassique et darkwave, et il semble que le projet souhaite en revenir à son style des années 1990, notamment à l'écoute d'une ballade éthérée en français comme "Porselanae" ou dans les claviers atmosphériques d’ "Aqua Mater". L’album est particulièrement réussi quand chants masculins et féminins se rejoignent autour de mélopées rituelles proches de l'hymne, comme sur "Aetas Aurea", "Ignis Pater" et surtout "Nox Incubat", à la fois martial, inquiétant et mélancolique avec son violoncelle (joué par Totem Bara) et ses voix dissonantes.
Si vous aimez le chant de Francesca, elle s’en donne à cœur joie ici, flirtant du grave à l’aigu, changeant de langues à l’intérieur des chansons, que celles-ci soient encore pratiquées ou plus ancestrales. Il y a suffisamment de belles mélodies et d’ambiances pour satisfaire les fans, mais il y manque néanmoins des morceaux assez marquants pour ranger le disque aux côtés d'Historiae (1998) ou Kremasta Nera (2007). En gros, l’album commence assez fort mais l’excitation retombe un peu dans la seconde partie (le dernier titre, "Coelestis", frise le new age). Centaurea n’en est pas moins un effort très honorable, signé par un groupe mythique.
