Ce n'est jamais simple de mettre de la musique sur de la poésie. Heptanes Fraxion le poète Toulousain a peut-être fait l'inverse : sur "La Mort, le Sexe", on a l'impression que la musique de Bertrand Betsch préexistait au texte. Le rythme trépidant, une sorte de techno de plus en plus habitée a conduit vers un texte scandé par les répétitions. Heptanes ne chante pas, il ne slame pas non plus, il raconte. Une société qui va mal, qui a besoin de ce regard acide et moqueur ("Hiatus", "Toi").
La musique épouse des formes différentes, riche en variétés et pistes vraiment travaillées. Betsch a sorti son premier album en 1997 (La Soupe À La Grimace) et il est extrêmement prolifique, pour lui et les autres. Il a trouvé les intonations nécessaires aux mots d'Heptanes : "Poussière ou Pollen" se fait valse de cirque, complainte de terrains vagues, les derniers où se poser pour affronter ses espoirs mélés de craintes, alors qu'"Un Aller simple" est plus trip-hop rock noir avec un final instrumental qui met la pression.
Les instrumentations sont riches, combinant parfois dans un même titre la rugosité d'une distorsion et la caresse d'une mélodie lead ("Mardi matin Méthane"). C'est beau et grandiloquent, mais sans lourdeur ni panavision ; c'est sérieux et léger à la fois.
La poésie urbaine trouve ici un écrin qui construit une marge musicale, aux confins de multiples musiques, avec des réminiscences cold ("Il n'y a plus de Monstres"). Ce sens de la mélancolie, les deux Toulousains le vivent artistiquement.
