Sa réputation l’a souvent dépassé… au point qu’on lui prête des choses. À moins qu’il fasse qu’on les lui prête ? On nous ment, on nous cache tout (enfin presque) et en 2024, pas sûr que la glose s’arrête. D’ailleurs, le projet incarné par l’Australien David Thrussell (Snog, Soma) serait-il réellement chargé par une entité internationale (à savoir le Forum Economique Mondial) de relayer un – complexe, sûrement – programme de contrôle des populations mondiales (Giving to Amplify Elite Executive Action Appeal : GAEEAA, tout un plan – et une appellation qui en impose, la vache !) par la production de "messages positifs autour de la responsabilité sociale et la célébration des initiatives malthusiennes pour la démographie de la contre-culture" ?
Le mystère est total, enfin, était puisqu’il est laaargement éventé par la campagne promotionnelle autour de l’album. C’est ballot. Mais trève de semi (?)-plaisanteries. Thrussell et son label ont le sens de l’à-propos, et le décorum est posé à l’heure où sort l’EP Depopulate. Un questionnement, une vision se posent quant au surgissement d’un monde post-humain, toiles de fond de la nouvelle création sonore de Black Lung : quatre compositions originales dont une déclinée en deux versions différentes ("Sinister Control Minority" est réexposé sous une forme alternative puis remixé par The Namshub Of Enki). La musique et son référentiel suggèrent un activisme cérébral intense, ce qui ne surprendra guère les adeptes. Tout un système philosophique se retrouve au passage encapsulé dans le titre sinueux "The hegelian Dialectic". Cet EP a une animalité et les énergies s’y croisent, multiples : Black Lung décline une fois encore un son synthétique et protéiforme, suggestif et qui vous entraîne vers les dancefloors autant qu’il vous fait vous poser quelques questions sur l’Etat dans lequel vous errez ("Euthanasia").
Pas la première fois – ni certainement la dernière – que Black Lung investigue les nuages de la fantasmagorie et la psychose, lui qui s’intéresse depuis des lustres à ce qui anime et remue l’imaginaire des peuples. L’époque résonne en ce que fait ce circonspect qui, en 2007, déclarait : "une des choses qui me donne de l'espoir, [c’est] que l'univers est énorme et insondable." Mais alors comment savoir, comment ne pas imaginer tout voire n'importe quoi ? Black Lung agit, et l’atmosphère d'une époque se retrouve dans le son.
