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Musique
10/08/2020

Born Bad Records

Sur France Inter, chez Matthieu Conquet

Genre : punk / post-punk
Photographie : Portrait JB - Blaise Arnold
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Jean-Baptiste Guillot a été invité sur France Inter pour parler de son label Born Bad Records dans la série Labels : L'Esprit indépendant. C'est important de dire que ça fait plaisir d'entendre bien parler de musiques et que c'est vital de donner de l'espace aux labels indépendants. L'émission, préparée par Matthieu Conquet, disponible en replay, a été diffusée le samedi 1er août, à un horaire ni mauvais, ni bon (22h30).

On y parle de parcours personnel, d'indépendance et de danger, d'imprévisibilité, de rééditions et de compilations, du chant en français et des talents nationaux, de modèles économiques variés, de contre-cultures multiples, de chanteurs rigolos mais méconnus (Ferrer, Salvador...), de magasin couplé à un label (New Rose, Rough Trade), de non-attente de retours médiatiques, de développement des artistes, de visibilité des femmes. Paradoxalement, on n'a pas vraiment droit au couplet plaintif sur la mauvaise économie du disque puisque Born Bad a trouvé ses solutions. L'émission est bien fichue et on a un très bon aperçu des sons défendus par le label, des questions qui lancent Guillot sur ses passions. On entend Frustration, Le Villejuif Underground, Julien Gasc, Forever Pavot, Joseph Lacides, Henri Salvador, Cheveu, Le Star Féminine Band, Cannibale, Les Masques.

Ce qui rassure, c'est que ça ne se moque pas : les titres défilent et sonnent, naturellement. Evidemment, le passage sur les errances et délires folkloriques - pour des rockeurs - du Villejuif Underground font sourire les "spécialistes" que nous sommes ; bien sûr, on aurait préféré une playlist plus rageuse (un autre titre de Frustration, du J.C. Satàn pour compléter Cheveu, la réédition de Spielt Noise Boys...).

Ces dernières années, on ne peut que constater et regretter l'écart croissant entre les grands médias et la chose rock. Là où le Hellfest réussit une fois l'an à montrer et faire entendre, les chaînes de télévision et les grandes radios ont très majoritairement choisi de ne plus passer de "rock". Fini le temps d'un MTV "rock", de M6 avec des clips "rock", des showcases de Nulle Part Ailleurs ou même de Taratata. Il ne revient qu'à voir Les Victoires de la Musique pour constater l'invisibilisation voulue des musiques éloignées de la Variété (et dans Variété, j'inscris le faux rap des Soprano, Dadju et autres Ninho). Certes, Born Bad a évolué (et revendique l'écart avec sa "ligne artistique de base, peut-être un peu rigide") et ses nouvelles signatures ne sont pas forcément celles que j'apprécie personnellement. Toutefois, cette porte qui vient de s'ouvrir (parmi des émissions plus pointues sur le punk, mais rétro) est une petite ouverture qu'il faut franchir, pour le bien de nos musiques actuelles.

Osons rêver que la suite de cette série s'ouvre à Teenage Menopause, Debemur Morti, Vicious Circle et tant d'autres.