Digital Media / Dark Music Kultüre & more

Chroniques

Musiques, films, livres, BD, culture… Obsküre vous emmène dans leurs entrailles

Image de présentation
Album
19/09/2019

Chelsea Wolfe

Birth Of Violence

Label : Sargent House
Genre : acoustic doom folk
Date de sortie : 2019/09/13
Note : 85%
Posté par : Thomäs G.

Après s'être engagée dans une voie de plus en plus métallique et bruitiste, culminant sur le chef d'œuvre Hiss Spun, Chelsea Wolfe crée la surprise avec un Birth Of Violence revenant contre toute attente à l'acoustique. Là où la demoiselle se cachait dernièrement derrière un épais mur de guitares et de sons flirtant volontiers avec l'électro industrielle, la voix perçant à peine, distillant l'émotion, la chanteuse se met aujourd'hui à nu devant un paysage sonore épuré et folk.

Serait-ce un signe de maturité ? N’est-il pas - quelque part - plus facile de se cacher derrière un mur bruitiste et violent plutôt que de se mettre en avant, seule en ce paysage folk, le droit à l'erreur inexistant ?
Mais on pourrait aussi parler d’un retour aux sources acoustiques de la musique de Wolfe, cette dernière revisitant le répertoire et les influences qui donnèrent naissance à la violence jusqu'ici exprimée, mais cette fois avec la maîtrise et l'assurance acquises avec les années. Cela semble être le cas si l'on en croit de récentes déclarations dans laquelle la jeune femme semblait exprimer le besoin de se retrouver après plusieurs années chargées en tournées et concerts.

Toujours est-il que Birth Of Violence révèle un niveau de maitrise inégalé et ce retour se fait avec un brio certain.
"Mother Road" annonce la couleur, a capella sur une simple guitare acoustique, intimiste et folk. Le morceau se révèle sur sa dernière minute dans un surprenant développement électrique et explosif. On continue dans la même veine sur "American Darkness" et surtout "Birth of Violence", qui monte en pression progressivement. Chelsea Wolfe ne s’est en effet pas complètement débarrassée de ses écarts bruitistes, tout au plus les distille-t-elle subtilement, progressivement au fur et à mesure que monte la tension comme sur "Deranged for Rock & Roll" ou "Erde". Entre les deux, "Be all Things", plus intimiste, revient à l’essentiel, folk et plein d’émotion, mais jamais libérateur.  
"Little Grave" culmine dans cette oppression constante, collante, les nerfs à fleur de peau, mais sans jamais aller jusqu'à l'explosion, point d'autodestruction ici mais une forme de résignation mélancolique et parfois morbide, mais sans aucun doute cathartique. Et alors que l'émotion enfle à tel point que l'on souhaite plus que tout la voir exploser, se libérer, Chelsea Wolfe excelle à contenir la tension, jouant l’apaisement sur "Preface to a Dream Play", pour finir sur un "Highway" en forme d’échappatoire.

Birth Of Violence délaisse une forme de violence brute pour quelque chose de plus subtil, mais n'en est pas moins un chef d'œuvre. Il achève de convaincre, si ce n'était  encore le cas, que Wolfe est certainement l'une des artistes les plus émouvantes du moment, quelle que soit la forme finale de son expression.

Tracklist
  • 01. The Mother Road
  • 02. American Darkness
  • 03. Birth of Violence
  • 04. Deranged for Rock & Roll
  • 05. Be all Things
  • 06. Erde
  • 07. When Anger turns to Honey
  • 08. Dirt Universe
  • 09. Little Grave
  • 10. Preface to a Dream Play
  • 11. Highway
  • 12. The Storm