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Album
24/11/2020

Chris Shape

Shaped To Deform

Label : Unknown Pleasures Records
Genre : electro-techno / EBM
Date de sortie : 2020/10/10
Note : 66%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Chris Shape, c'est la moitié du duo Franz & Shape. On le retrouve ici avec un album en solo. Enfin, pas vraiment puisque sept titres sont des collaborations et qu'un huitième est la reprise de Death In June que nous avions déjà appréciée sur l'hommage rendu par UPR au groupe de Pearce.

Beaucoup d'invités (et non des moindres) puisque l'homme est un passionné des clubs et de la scène techno formée en Italie durant les années 1990. Il a gardé de ces années un goût pour les atmosphères et les rencontres. Dès "Fuori del Fango", ça bastonne avec intelligence, ça remue les tripes et le cortex. Les basses sont sourdes et les rythmiques font un travail de sape remarquable. La voix renoue avec l'EBM, cumulant les appels enthousiastes à un soulèvement des foules. De semblables éveils à la transe sont présents tandis que défile "Holy Ron", peut-être un peu trop roboratif, tout comme "Shidevari" mal positionné dans un album plutôt long. "Diss out", avec Dave Inox reste également dans un trip calibré : tout est lissé à la manière d'un titre des Chemical Brothers. C'est efficace, mais classique (malgré un break plus sensitif).

La pochette présente un joli visuel : un torse masculin retravaillé par touches numériques, sensuel et sanguin, pas loin de travaux sur la représentation du corps que formulait Front 242 à l'époque de Tyranny For You et 06:21:03:11 Up / Evil. La capacité à intégrer des éléments plus angoissants est un atout ("Praefetio" avec HIV+, mais aussi "Jump in the Water" et surtout ce moment-clef qu'est la reprise de DI6). Le travail de composition est intéressant, quasiment chaque titre bénéficiant de parties évolutives ("Near to Silence") ce qui maintient une tension hédoniste constante ("Silver Eyes" avec IV Horsemen). La mélancolie est parfois de mise, comme sur "Walk Alone" où la mélodie travaillée avec Blind Delon évoque rapidement celle de Boy Harsher sur "Lost". Blind Delon cosigne un deuxième titre qui s'enchaîne magiquement avec le premier, mais dont le rythme virevoltant et le vocoder sont un hommage boosté à des années 1980 bien réinventées. "Eat the Bankers" est terrible dans son genre : basses saturées, voix bien graves, montées incessantes rehaussées de détails aguicheurs. Avec Black Asteroid, Chris Shape crée un titre emblématique, lien entre passé et présent, réinventant les nuits en club. En fin de disque, c'est Velvet Kills qui partage "Crisis" de fort jolie manière : la voix dense et chaude de Susana Santos ne cesse d'apparaître et disparaître sur un rythme trépidant.

Au final, cet album possède plusieurs excellents titres et dévoile les capacités et goûts variés de son auteur principal, comme s'il donnait un festival. Il reste que le spectacle donné traîne plusieurs longueurs qui desservent en partie ce disque. Si au lieu d'une heure, on avait eu la durée standard sous les cinquante minutes, on tenait là une bombe.

Tracklist
  • 01. Praefatio (avec HIV+)
  • 02. Near to Silence
  • 03. Fuori dal Fango
  • 04. Walk alone (avec Blind Delon)
  • 05. Mind (avec Blind Delon)
  • 06. Silver Eyes (avec IV Horsemen)
  • 07. Holy Ron
  • 08. Jump in the Water
  • 09. Diss out (avec Dave Inox)
  • 10. Shidevari
  • 11. Eat the bankers (avec Black Asteroid)
  • 12. heaven Street (reprise de Death In June)
  • 13. Crisis (avec Velvet Kills)