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EP
06/05/2020

Clan Of Xymox

Lovers

Label : Trisol / Metropolis Records
Genre : darkwave / synth-goth
Date de sortie : 2020/04/24
Photographies : Clan Of Xymox – backstage Proxima (Agata Hudomiet) | Hante. – live Londres (Simon Helm) | Actors – official FB (DR)
Note : 70%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Faire part d’un ressenti – constat ? – n’est point faire injure à Clan Of Xymox, s’il est celui d’un surplace stylistique depuis, au bas mot, une dizaine d’années.
Il est certes propos liminaire plus flatteur, mais inutile de mentir sur un sentiment : Ronny Moorings arrive moins à renouveler le son du projet culte, consolidant certainement une base de fans, qu’il ne parvient régulièrement – et ceci est à mettre à son crédit – à sentir et formaliser la mélodie qui fera mouche au sein des clubs.
Le contenu de ce nouvel EP confirme ce ressenti. C’est un disque à forte teneur synthétique (les guitares se comptent) et aux effets très eighties : le kitsch accompagne certains choix de son et si la chose nous gêne, cela relève plus du détail qu’autre chose. Mais ce ressenti est là – et pour être honnête, il était le même en février dernier, à la sortie du premier single : "She".

Quitte à rester sur ces choses, autant épuiser l’angle négatif de la critique.
Un autre regret, personnel, est celui des choix visuels de Xymox, moins élégants qu’aux origines – et cela ne date pas d’hier – mais aussi et surtout à la pauvreté en nouveautés réelles (compositions originales) qu’offre ce nouveau format EP. Ceci tient plus à une espérance que nous éprouvons de tout temps vis-à-vis du format en question, qu’à une incompréhension des choix de Moorings & co.. Dans notre appréhension, l’EP garde pour intérêt majeur de présenter les à-côtés d’un univers… et si possible (et surtout !) de faire part de l’existence de travaux originaux. Les inédits : ces choses faites mais qui, pour une raison X ou Y, ne terminent pas sur le format long de référence. L’EP que nous espérons donc est toujours un complément informatif de fond sur une période créative. Moorings ne prend pas ce parti aujourd’hui, et c’est simplement un choix : la collection de mixes correspond à une exploitation classique du format EP, et rien n’interdit à Ronny de préférer teaser sur la tonalité générale (supposons-nous) des futurs travaux, via une série de variations du single. Il y a là une logique.

Tout cela étant posé, point de dépit profond à l’écoute de Lovers. Sans faire abstraction desdits regrets, nierions-nous avoir éprouvé quelque plaisir à l’écoute de cette collection de choses dansantes et relativement ténébreuses ? Non. Un plaisir coupable, alors ? Même pas.

La plupart des relectures du titre éponyme, lequel ne nous avait pas spécialement chavirés, sont assez réussies : leurs charmes, propres à chacune, renouvellent et décuplent le potentiel du single. Chaque recréation a sa petite spécificité, quoique imprégnée de la même mélancolie que l’original. Des variations ainsi s’installent, et tant mieux : le contenu n’est pas linéaire, mais le spleen unit l’ensemble.
Selofan fait le choix d’une rythmique relativement enlevée, qui conserve au morceau un certain élan. Nous rêverions bien de quelques détails de guitare supplémentaires mais il n’empêche, ce mix fonctionne : la mélodie rejaillit et pour notre bonheur, la voix caractéristique de Moorings est traitée avec respect, comme elle l’est sur le nouveau remake du classique "Going Round". Une voix que la scène et ses acteurs aiment : In.Visible ne l’a-t-il pas invitée sur sa reprise récente du "Can't get you out of my Head" de qui vous savez ?

"Going Round", revenons-y, est de retour. En l’occurrence, que les fans qui s’interrogeraient a priori sur la nécessité d’un nouveau remake, se rassurent. Une relecture en date de 1997 de cet ancien classique était déjà présente sur le (très bon) album du retour, Hidden Faces. Alors à quoi bon ? Eh bien détrompez-vous : la technologie mise aujourd’hui au service de cette marquante mélodie insuffle une petite fraîcheur à ces recettes familières. Une friandise à prendre plus qu’à laisser ; et à ce compte-là, nous accepterons les retrouvailles.

Pour sa part, le remix de "Lovers" par Hante. [photo ci-dessus] envoûte et s’avère l’un de ceux qui réinvente le plus la forme originelle du titre éponyme. Charge climatique et hypnotique. C’est réussi. L’hypnose est aussi le choix du remix d’ACTORS [ci-dessous]. Y rejaillissent les motifs mélodiques principaux du morceau original, tandis que la voix de Moorings subit un traitement approprié : réverbération, écho. Auréoler n’est pas forcément tuer le grain. Rien que de très attendu : ACTORS ont une tendance au respect de l'existant. En témoigna leur reprise, très fidèle, du "One Hundred Years" de Cure, en 2016.

Lovers est un teaser finalement cohérent et un peu plus consistant que ce à quoi nous nous attendions au regard de la teneur annoncée et de la formulation relativement basique du single. Clan Of Xymox reste plus que jamais lui-même (au sens du Xymox post-90’s), mais le débat entre dénonciateurs du carcan du format (confort des repères) et amateurs des figures de style ne s’éteindra pas avec ce nouvel EP.

Tracklist
  • 01. Lovers
  • 02. Lovers (Hante. remix)
  • 03. Going Round
  • 04. Lovers (ACTORS remix)
  • 05. Lovers (Selofan remix)