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Album
14/02/2020

Dead Souls Rising

Isadora

Label : Autoproduction
Genre : gothic rock
Date de sortie : 2019/11/17
Note : 80%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Les musiques gothiques françaises se portent bien, merci de l'avoir demandé. Dès le départ, notre pays a pris sa part dans l'émergence de ces rythmiques sourdes et de ces chants inspirés et morbides : Clair Obscur, Norma Loy, Neva n'ont pas rougi face à leurs cousins anglais ou allemands.
Après un passage à vide aux tournants des années 2000, correspondant au split de Corpus Delicti et à la montée en puissance des scènes indus et électroniques, le genre s'est replié sur lui-même ; depuis quelques années, il surgit de nouveau, recueillant les suffrages des anciens et l'adhésion de jeunes gens.

C'est donc avec curiosité qu'on accueille ce nouvel opus des Lyonnais de Dead Souls Rising (premiers enregistrements en 1993), en parallèle avec la naissance de Nayrod Yarg, projet impliquant l’un des deux membres piliers de DSR.
Sont convoqués dans les tonalités plusieurs ténors du genre : Switchblade Symphony ("Hoping That"), Cell Division ("Overthink") mais aussi Siouxsie And The Banshees sur certains plans de voix ("Isadora" et surtout "Smile"). Alastrelle ne fait cependant pas dans la copie : on sent sa maîtrise émotionnelle tout au long de ces onze titres, et elle donne libre cours à des idées neuves (doublage de pistes, effets...). À cet égard, "Lamento", prend un rythme à la lenteur calculée, et l'efficacité le dispute au sensible. Chez elle, la volonté d'ouverture fait prendre des risques proches de ceux que Siouxsie avait osé sur "Kiss them for me" : le chant jazzy de "Melancholia" extrait le groupe de ses formes originelles.

La richesse des compositions montre un dialogue entre la performance vocale et ce que la musique peut faire, de son côté, pour accompagner des élans et leur donner plus de poids ("Cold Kisses", final flamboyant et noisy-cold). Les expérimentations musicales ne manquent pas : ainsi, "Love Dolls" invente une sorte de garage gothique (non, pas de l'horror punk), les cordes font scintiller le très bon "Ailleurs in the Sky" avec des touches de Christian Death (le retour du chant jazzy, mais dans la froideur ; ça passe bien mieux). On se régale avec l'électronique de "Tragic Night", son dialogue masculin-féminin : malgré sa brièveté, ce sera sans doute un futur hit des nuits sans lune.
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Posse Mori Records rééditera en juin prochain le premier album, Ars Magica.

Tracklist
  • 01. Isadora
  • 02. Lamento
  • 03. Hoping That
  • 04. Overthink
  • 05. Love Dolls
  • 06. Melancholia
  • 07. Ailleurs in the Sky
  • 08. Tragic Night
  • 09. Alive
  • 10. Smile
  • 11. Cold Kisses