Les amateurs de musiques expérimentales, électroniques et industrielles connaissent bien les noms de Maurizio Bianchi (M.B.) et Deison, deux musiciens italiens qui ont traversé les décennies sans fléchir en termes d'inspiration. Une première collaboration avait eu lieu en 2015 avec Black Panorama déjà publié chez Final Muzik. Dans la lignée de ces pièces atmosphériques et profondes, le présent disque a été enregistré lors de sessions tenues entre 2015 et 2016. Constitué de quatre pistes sonores d'un peu plus de dix minutes chacune, White Landscape porte bien son titre tant les ambiances développées suggèrent de vastes horizons de glace, noyés dans la brume. On y trouve aussi beaucoup plus de luminosité et de douceur que par le passé. Les disques oppressants, claustrophobes et malsains des débuts de M.B. sont fort loin. Ici ne demeurent que des sensations d'immensité et d'introspection mêlés. On y franchit des seuils d'irréalité avec calme et volupté, une plongée dans un onirisme frigorifique, non dénué d'intensité (le final de "Dense Glow").
Comme dans la meilleure musique ambient, on est vite immergé dans les sons, hypnotiques et gérés avec délicatesse. Les drones enveloppent, frisent l'extatique, voire l'élévation totale, notamment sur le bien nommé "Deep Lightning" où les sentiments de désolation et d'isolement au milieu de paysages sublimes nous plongent dans une mélancolie de plus en plus tenace. On peut alors s'attarder sur telle ou telle substance sonore, s'attacher à des notes synthétiques mélodiques, à des vrombissements impalpables ou des bruits blancs discrets, se perdre au milieu de ces espaces mentaux et infinis et se demander comment tant de paisible beauté puisse émerger d'un seul disque.
