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Album
29/11/2019

Emily Jane White

Immanent Fire

Label : Talitres
Genre : neofolk
Date de sortie : 2019/11/15
Note : 80%
Posté par : Klär T.

FEU SACRÉ
Héritière moderne d’une longue tradition outre-atlantique de protest singers, Emily Jane White nous revient avec un sixième album plus engagé que jamais. Trois ans après They Moved in Shadow All Together, qui interpellait notamment sur les violences faites aux femmes, la Californienne n’a rien perdu du feu intérieur qui anime ses ballades dark folk. Sur fond de chaos environnemental, Immanent Fire constitue un point d’orgue dans le lyrisme militant de l’artiste. Album d’indignation, ce nouvel opus offre à l’ardent propos et à la voix pénétrante d’Emily Jane White, un écrin mélodique sombre et émouvant qui appelle à la résistance.

Depuis son premier long format (Dark Undercoat, 2008), il est manifeste que tout dans l’univers musical d’Emily Jane White est plutôt affaire d’écriture mélodique, support d’un engagement qui ne s’est jamais éteint. Au fil de ses albums et à la faveur d’une discographie qui convoque folk nocturne, rock "apathique" et esthétique gothique, la flamme narrative de la californienne s’est emparée de ce qui semble être le dernier acte pour l’humanité. Extinction des espèces, anéantissement du matériel naturel, le propos d’Immanent Fire résonne et claque au front du déni ou de l’indifférence.

Sur le plan sonore, ce sixième album est un récit musical où la dramatisation se joue à l’économie. Peu d’effets, peu d’orchestrations épiques… cherchez plutôt la tension dans la voix et dans les textes. Emily Jane White nous guide dans le souffre et le chaos du monde actuel tel un Virgile pour Dante dans les cercles d’un enfer anthropique.
On entre sans ambages dans la gravité de l’opus avec un "Surrender" qui donne le ton : un clair-obscur mêlant lignes de guitares, percussions et quelques nappes de synthé.
Le charme sombre de la complainte opère rapidement mais est contrecarré au deuxième titre avec un "Drowned" à l’aspérité pop, intéressant mais presque trop incongru esthétiquement parlant au regard de l’ensemble.
À partir d’Infernal, l’épaisseur et la profondeur vont se réinstaller progressivement et imprégner l’ensemble des titres. "Washed away", "Metamophosis" et "Shroud" sont les moments forts de l’album.
"Dew" et "Entity" offrent, eux, des temps mélancoliques et lumineux avec une dyade piano violoncelle, qui n’est pas sans évoquer l’univers musical d’Agnès Obel.

Le label indépendant Talitres dont "l’exigence est de défendre les artistes qui parlent à leurs oreilles et qui secouent leur cœur", ne s’y est donc pas trompé en présidant à la destinée européenne de la californienne depuis plus de dix ans. Emily Jane White a mis dans le mille avec Immanent fire et nous gageons que son verbe n’est pas prêt de s’éteindre.

Tracklist
  • 01. Surrender
  • 02. Drowned
  • 03. Infernal
  • 04. Washed away
  • 05. Metamorphosis
  • 06. Dew
  • 07. Shroud
  • 08. Entity
  • 09. Light
  • 10. The Gates at the End