Une électronique plus frontale prend place dans les exposés des Colmariens Fragile Figures, et vous le sentez dès l’ouverture. C’est "Charcoal" : Fragile Figures est en dynamique, sans pour autant renoncer à ce qui fait la force de sa cinématographie. David Husser (Y Front, CROWN, Stellar Temple, LTNO, Frigo) est au son et les reliefs s’en ressentent. Il y a un élan organique, familier. Les guitares restent dans de grands rôles mais le grain de la technologie renforcé, ce battement de cœur produit par la synthèse, réorientent le son. Machinisme voyant. La saleté se planque, le charbon est sous la terre.
Il y a une ambition de forme. Renouvelée. Œuvre d’hybridation en poursuite, coulée dans la froideur et dans l’économie des notes. Vous ressentez de lointaines vibrations 80’s : celles du cœur de l’émotion, celle du non-dit, de la déprime, celle d’une pochette de disque abstraite et grise (la première moitié, la plus nue, de "I know they're Robots").
La recherche de climats résonne à plein avec l’objectif cinématographique : l’entrée de "Mosquito" précède une mécanique retenue mais irrépressible. C’est à l’image du reste. Dans toutes ces choses se met en œuvre une science hypnotique, les guitares parlent à l’économie, à la recherche de l’essentiel ("Post industrial Nightmare") et l’optique instrumentale faite sienne par le binôme vous maintient dans le fameux "espace de projection". Pas de mode d’emploi, du son seulement. Vous remplirez à votre bon loisir cet espace de vos pensées, souvenirs, préoccupations.
L’artwork, un nouvelle fois magnifique, est signé Aaron Bonogofsky. Fragile Figures, plus que jamais, aiment projeter des images.
