Grande Loge, formation française formée en 2017 sur l’autel de projets black metal (Malepeste à titre principal et Tower Of Silence, pour ne pas les citer), n’a pas grand-chose à voir en intention de forme avec ces derniers. Mais l'histoire a ses racines et à travers elles, une part de hasard, d'instinct et d'envie. Ainsi qu'ils l'expliquaient eux-mêmes à titre de présentation en octobre 2017, Grande Loge "s'est monté avec la grande majorité des membres de Malepeste. Après avoir décidé de produire sur scène des introductions live, l'envie de développer bien plus l'aspect acoustique de la musique rituelle ne nous a plus quittés."
Les chants de Grande Loge, qui ont eu l'occasion de percer sur scène plusieurs fois depuis 2018, surplombent une percussion hypnotique au fil d’une collection de sept rites nourris de sonorités traditionnelles et ethniques. C’est une expérience : Mantras invite au voyage intérieur, en même temps qu’il développe une tonalité impérieuse. Dès lors, majesté drape ces constructions à l’hypnose sensuelle et noire. Les cordes bouclent une dentelle ("Tenya Pon") et dès "Epopteia", les chants (mantras) affirment leur importance en même temps qu’ils semblent avoir été pensés comme instrumentation eux-mêmes : leurs couches sont orchestration per se et s’ils alimentent l’expressivité de l’ensemble et augmentent la tonalité incantatoire des armatures, ils ne se désolidarisent jamais de l’ensemble : il ne s'agit pas forcément de surplomber, plutôt d'alimenter le flux et ainsi délivrer puissance.
Envoûtant, mystérieux et pénétrant, le travail entrepris par Grande Loge sur ce premier album officiel porte des fruits précieux : la force d’une signature acoustique, la puissance maîtrisée / instinctive du crescendo ("Hekaten"), et la formalisation d’une ambition de forme et d’esprit. Prometteur.
