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Album
06/04/2024

Hauntologist

Hollow

Label : No Solace
Genre : black metal expérimental / post-rock / neofolk
Date de sortie : 2024/01/08
Note : 86%
Posté par : Oliviër Bernard

Hauntologist s’inscrit dans le courant du "metal négatif", selon les propres mots du groupe. En effet, à l’écoute de Hollow, premier long format de la paire polonaise, l’heure n’est pas franchement à la gaudriole. Nous les comprenons, leur pays se trouve aux portes de l’enfer ukrainien, tout espoir semble vain. Ainsi la noirceur domine, les nuits sans sommeil semblent interminables provoquant des hallucinations macabres…

Cet album est un manifeste anxieux, violent, mais subtil tout de même. Le feu est lâché d’entrée. "Ozymandian", sorti en single, donne le ton : le morceau est rageur, porté par le travail remarquable du batteur Darkside. Des souvenirs d’une certaine forme extrême des années deux mille nous reviennent alors… Le chant de The Fall (véritable homme-orchestre, à la manière d’un certain Satyr - et qui a par le passé œuvré avec Darkside dans d'autres formations) est particulièrement expressif, dans des tonalités grunt pouvant évoquer At The Gates. La suite s’inscrit dans cette lignée. Le combo propose un black metal expérimental particulièrement bien ouvragé. Les titres varient efficacement entre brutalité et ampleur atmosphérique. La férocité s’avère juste, jamais gratuite. Dès lors, l’auditeur s’immerge profondément dans les rythmes puissants proposés et les breaks aventureux aux reliefs mélancoliques.


Si l’on s’arrêtait là, ce serait déjà très bien. Mais Hollow est encore plus malin. "Waves of Concrete", par exemple, est une vignette ambient, courte, rehaussée de samples. Une accalmie fugace, certes, mais très intelligente. Le duo décide alors de varier considérablement son propos. La fin du disque est ainsi constituée d’éléments empruntant au neofolk et au post-rock. Mention spéciale pour "Hollow"  (avec chant clair), qui navigue magnifiquement entre les deux styles durant près de huit minutes. Très hypnotique, cette piste rappelle l’art de leurs compatriotes By The Spirits. Nous sommes également impressionnés par le minimalisme et la douceur inquiétante de "Gardermoen", où l’on découvre notamment le timbre étrangement analogue de The Fall à celui de Johan Edlund (Tiamat). Enfin, "Car Kruków" clôture les débats magnifiquement. Quelques notes dépouillées et éthérées, une voix féminine (NDLR : celle de la  conjointe du leader, lui contant l'un de ses rêves), une trompette lointaine et le tour est joué. Une formation qu’il faudra suivre de près à l’avenir.

Tracklist
  • 01. Ozymandian
  • 02. Golem
  • 03. Waves of Concrete
  • 04. Deathdreamer
  • 05. Hollow
  • 06. Autotomy
  • 07. Gardermoen
  • 08. Car Kruków