Henrik Meierkord revient avec un album dédié au rêve, à la nostalgie, à la contemplation. Space Of Longing est le quatrième disque du Suédois à sortir chez Projekt. Il succède à l’acclamé Falling paru l’année dernière. Nous suivons avec un grand intérêt la carrière de ce musicien au CV impressionnant, tourné vers l’expérimentation la plus élégante. En effet, il publie régulièrement des oeuvres fondatrices de la fusion entre néoclassique et ambient. Ainsi, sa discographie s’est distinguée par sa qualité formelle et son exigence émotionnelle. Également collaborateur de choix, signé chez Ambientologist, Dronarivm ou encore Subcontinental, son style raffiné nous enthousiasme depuis un certain temps. Ce nouvel opus prévu pour le 1er août, marqué par un sentiment mélancolique typiquement nordique, est enchanteur.
Ces douze titres inédits poursuivent la quête de Meierkord du son le plus poignant. Les compositions ondulent, portées par des cordes minimalistes et quelques élements électroniques. Tout démarre pourtant par des notes de piano. Puis le violoncelle égrène sa partie, entre douceur et tristesse ; le ton est donné. Space Of Longing oscille constamment entre classicisme et ambient. Une variation heureuse qui n’exclut pas la réunion des univers. "Springflowers" est un exemple parfait de mariage réussi. La patte du Stockholmois y est totalement discernable, avec ses nappes ténues et sa profondeur acoustique. De même, "Drone Meditation I" se démarque par le travail intense réalisé sur les instruments et l’atmosphère sombre et grave qui s’en dégage. Nous pensons alors aux réalisations anciennes d’Alio Die.
Les morceaux baignent ainsi dans une quiétude fragile. Les drones affluent et forment une base onirique, mais sont perturbés dans leur intransigeance par une ouverture d’alto, comme sur « In the Forest ». Parfois, le compositeur nous immerge complètement dans le bourdon planant, un bain sonore rassurant, mais qui présage d’une suite plus obscure. Car l’artiste apprécie farouchement les territoires dark. Cela s’entend surtout sur le diptyque "Kontracellodrone", qui forme les passages les moins réussis selon nous de cette production. D’ailleurs, au sujet de la noirceur, Meierkord déclare : "Je pense que la musique sombre est quelque chose qui touche vos sentiments intérieurs et vous aide à lâcher le contrôle. C'est une sorte de méditation qui permet d'embrasser son inconscient."
Space Of Longing confirme les dispositions positives que nous entretenons à l’égard du violoncelliste. En effet, un sens impeccable de la beauté émerge ici. L’alliance des sonorités est remarquable et nous ne pouvons que saluer l’audace générale. Le Scandinave emprunte divers sentiers pour mieux les sublimer avec une économie de moyens tout à fait réjouissante. Le terme de ce voyage élégiaque regroupe la quintessence de l’art de Meierkord. "Gladlynt" est un morceau sublime, rappelant l’excellence d’un Gavin Bryars à l’époque de The Sinking Of The Titanic. Les notes sont étirées et répétées, une valse intime et délicate, transcrivant magnifiquement la personnalité du maître. Ainsi, les regrets affleurent, mais malgré tout le passé est vu avec bienveillance. Comme dirait l’autre : splendide !
