Le premier EP de ces Suédois (Stockholm) avait fortement séduit par de nombreux atouts : le son de la batterie de "Oath", les cris d'enfants de "Warfare" et la voix de Axel Mårdberg qui évoquait Brian Molko, Brett Anderson ou encore Morrissey. Ce deuxième EP marque un premier tournant : bien plus homogène, ce nouveau format de cinq longs titres est mieux réalisé. Le groupe a lissé ses particularités pour un résultat plus homogène en terme de sons.
"Ferris Wheel" est un titre enlevé, comme l'était "Safety". Andreas Geidemark délivre un jeu à la batterie de toute beauté. Les guitares, très pop (en partie assurées par William, le frère d'Axel), gardent trace du style en arpèges cristallins de Johnny Mar.
La pochette marque aussi une avancée dans les teintes mélancoliques : l'enfant rieur laisse place à une peinture de femme typée nouvelle époque, accentuant le décalage culturel. Isolated Youth (on ne pouvait rêver meilleur nom en cette période) n'est pas inscrit dans son époque, tout comme The Organ dépareillait en son temps. D'ailleurs, les photos promotionnelles les placent régulièrement dans un décor fortement daté.
La musique jouée privilégie l'émotion comme le souligne joliment "ICT (Instalment Credit Transaction)" ; là où le brut faisait le charme et les défauts du premier EP, celui-ci porte des chansons bien mieux écrites. Le groupe a enregistré à Athènes, en quelques jours aux Studios SoundCave (pour la deuxième fois) : les sessions ont privilégié un enregistrement live des titres. L'intention et la forme se rejoignent, Doruk Öztürkcan (de She Past Away) s'engageant pour le son du groupe, comme il l'avait fait pour Selofan, Lebanon Hanover, Ash Code, Qual ou encore Kælan Mikla. La construction des morceaux reste ambitieuse, évitant l'écueil des titres trop facilement mémorisables. Au lieu des couplets et refrains, on a ici des titres composés par mouvements successifs. Les paroles et l'engagement spirituel restent la marque de fabrique, chacun des titres créant sa propre bulle conceptuelle, même si le gommage des aspérités lisse en partie lors des premières écoutes "Humanoid" et "1984", un poil trop éthérés. En décalage avec la veine post-punk ou synth-wave des productions des amis, Isolated Youth crée sa place, reconnaissable. La prestation live en confinement qu'ils ont délivrée témoigne d'un talent affirmé et la forme des EPs leur va bien.
