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Album
06/04/2021

Jay Jay Johanson

Rorschach Test

Label : 29Music
Genre : trip hop / electro soul / jazz
Date de sortie : 2021/03/21
Note : 80%
Posté par : Klär T.

PROJECTION MELANCOLIQUE
Sorti le 22 mars 2021, Rorschach Test est le treizième album de Jay Jay Johanson.
Deux ans après l’excellent Kings’Cross, le crooner suédois à la tessiture et au style immédiatement reconnaissables ouvre un nouveau chapitre sonore qui explore les arcanes de sa psyché. Sans bousculer ni ses fondamentaux mélodiques et rythmiques, ni son logiciel spleenesque, l’artiste continue de dérouler une poésie de l’intime avec une élégante sincérité, as usual.

Depuis l’opus Whiskey paru en 1996, Jay Jay Johanson n’a cessé de nous enivrer avec une liqueur douce-amère fusionnant trip-hop jazzy, piano et boucles synthétiques. En deux décennies de productions, sa signature sonore ne s’est jamais véritablement essoufflée mais avec Rorschach Test, l’impression de déjà entendu peut affleurer. Pulsations ténébreuses, aspérités bossa nova, pop nonchalante, gimmick easy listening… le dandy du nord a néanmoins l’art de trouver des ressorts ornementaux pour demeurer fidèle à son univers, sublimer le velours de sa voix et garder agréablement captif son public.

Les dix titres downtempo qui composent ce nouvel opus offrent une ligne directrice mélancolique assez fidèle à la doxa de l’artiste. L’album s’ouvre sur un élégiaque "Romeo" (single paru en février) où les percussions caverneuses servent d’écrin au chant délicat et plaintif de Johanson. Il est suivi par le second single et magnifiquement clippé "Why Wait Until Tomorrow" (sorti en mars). Pour ce Carpe diem aux accents nocturnes, le suédois a fait appel au photographe islandais Benni Valsson afin de le filmer marchant dans les rues désertes d’un Paris confiné et saisir selon ses dires "un moment à part, une ambiance qui ne se reproduira jamais".

Se succèdent le chaloupé "Vertigo" émaillé de textures Bossa Nova faussement solaires et l’étonnant "Amen" qui semble emprunter les accords du british "God Save the Queen" dans un arrangement gospel assez original.

"I don’t like you", en duo avec Sadie Percell (déjà rencontrée sur l’album Poison), inaugure la deuxième partie de l’album et ouvre sur une ligne rythmique légèrement plus accentuée. On retiendra l’ambiance anxiogène style vieux polar sur le morceau "Stalker" avec ses guitares électriques tourbillonnantes et ses lignes de claviers spectrales. C’est la seule rupture stylistique de l’album. L’aérienne instrumentale "Andy Warhol’s Blood for Dracula" offre respiration pianistique avant les deux derniers titres de l’opus. Johanson puise d’ailleurs dans la thématique vampirique à plusieurs moments de l’album de manière détournée, en évoquant l’état d’éveil nocturne, l’esprit enténébré et le sommeil diurne.

Introspectif, l’album est une plongée au cœur d’une psyché soumise aux aléas de la vie, des sentiments et du quotidien. Ce treizième opus, qui emprunte son nom au test projectif Rorschach, est une nouvelle occasion pour Jay Jay Johanson de fouiller sa personnalité, contacter et interpréter ses propres émotions et qui sait, activer les nôtres. On prend donc.

Tracklist
  • 01. Romeo
  • 02. Why Wait until Tomorrow
  • 03. Vertigo
  • 04. Amen
  • 05. I don’t like You
  • 06. Stalker
  • 07. When Life has lost its Meaning
  • 08. Andy Warhol’s Blood for Dracula
  • 09. How can I go on
  • 10. Cheetah