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EP
21/06/2021

John 3:16

Yoldath Aloho

Label : Alrealon Musique
Genre : noise tribale sacrée
Date de sortie : 2021/06/25
Note : 78%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Chroniquer un deux titres ? Et pourquoi pas quand ça fait sens ! John 3:16 revient avec presque quinze minutes de rage ambiancée. De nouveau, comme sur Tempus Edax Rerum (2020), les percussions sont désormais une partie intégrée de ce qui se déroule. Elles forment des saccades et roulements martiaux sur "Panagia". Ce titre est un hommage à la Vierge Marie, le terme pouvant être traduit en "La Très Sainte", une appellation usitée chez les Orthodoxes en Grèce et en Europe de l'Est. Des voix semblables à une prière ou un appel répété, un mantra oriental se font entendre en arrière-plan, submergés par les couches de guitares. La couche est mouvante, laisse passer des fulgurances, riffs uniques bien plaqués comme des détonations. La ferveur est fureur de vivre, ne se posant que pour une courte mise en perspective, jouant avec une fusion de silence, une introspection méditative et anxieuse. C'est sans doute ce moment iconographique où la mère exhibe à la manière d'une échographie le Christ qu'elle porte en son ventre. C'est une attente.

"Yoldath Aloho" poursuit l'illustration du thème puisque l'expression syrienne désigne "La Mère de Jésus" et plus précisément "Celle qui enfante un Dieu". Le défi posé à l'entendement est actualisé. La bestialité qui se dégage de la première partie, électrique et martelée, orage stellaire, renvoie à une généalogie propre selon moi à celles enfantées par le grand Alejandro Jodorowsky et sa Caste Des Méta-Barons. Le mystère de la naissance, pour tout être humain, est déjà un motif énigmatique. Passer des cellules qui se dupliquent à ce 1+1=3 est perturbant. Mais, donner naissance à un Dieu renvoie à d'autres obscurités. Il n'y avait rien, il y a un Dieu incarné. Chez John 3:16, ce problème ontologique est source de plaisir puisque, sur le final, la lumière perce, portée enfin par la guitare en son clair qui nous guidait subrepticement, antonyme du raclement qui servait d'introduction. Plus que la Mère, inaudible ici, elle-même dépassée par sa propre grandeur, c'est la question du Vide et du Plein qui, à défaut d'obtenir réponse, est observée, cernée par une partition qui alterne les instruments et les ambiances.

Tracklist
  • 01. Panagia
  • 02. Yoldath Aloho