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Album
13/08/2021

Joy / Disaster

From Stars To Angels

Genre : rock /post-punk
Label : autoproduction
Date de sortie : 2021/07/16
Note : 65%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Joy/Disaster, depuis la sortie de leur session acoustique en 2017 a livré une trilogie (à mon sens) ou du moins un triptyque d'albums portés sur un son et une attitude rock'n'roll plus prégnante.

From Stars To Angels est un nouvel opus chargé de quatorze titres dans lequel la fibre inaugurale teintée de hard-rock (mais à la Fields Of The Nephilim lors des débuts) se fraie un chemin plus large. On aimera ainsi le solo final de "Breathe" et les résurgences d'autres solos à la Dinosaur Jr sur "Blind" et "Somewhere", ainsi que l'attaque des riffs de "Face off", un titre qui unit ancienne manière et nouvelle approche sonore décomplexée. Dès que le rythme se fait plus soutenu (final de "Close" et son enchaînement avec "Trust"), le groupe déploie une puissance qu'on a hâte de retrouver sur scène. On les voit bien en ligne, imposants.

La force du groupe tient dans la manière dont la rage peut être interprétée, toutes guitares rugissantes, à l'unisson d'une belle  voix grave ("Breathe"). Lorsque les riffs sont bien trouvés, ils ont en eux une évidence qui tient le corps immédiatement. Le groupe se met sur orbite avec le refrain de "Somewhere" et double la mise avec les habiles chœurs de "Nature". On le retrouve bien acéré aussi sur "Alloy". Cette énergie rock dans le "post-punk" a été remise à la mode, si j'en crois le succès de Fontaines D.C. - je pense par exemple au morceau "Hurricane Laughter" qui est dans la lignée du travail de Joy/Disaster. Espérons que les Frenchies récupèreront leur part de ce retour en grâce.

Avec quatorze titres, on se retrouve à avoir ses préférences et pour l'instant je ne me retrouve pas dans le triplé "Shine", "Hope" et "Moment". De même, le mixage offre une belle vitrine à la batterie, au jeu intéressant, mais qui manque parfois de finesse dans le toucher (notamment sur "Trust" avec cette belle idée du pont), même si je sens que ce choix offre un rendu plus abrasif. En revanche, le travail sur les lignes lead permet de légères dissonances noisy ("Somewhere"), et c'est cette magie des détails qui permettra à la longue d'encore mieux apprécier ces compositions. Ces détails s'accompagnent des petites surprises que les fans à l'affût traqueront : le chant plus élevé sur "Close", l'hommage à New Order pour le démarrage de "Nature", les effets synthétiques qui nimbent "Hope", les pistes entrecroisées de guitares sur "Face off".

De sa génération (dans laquelle je sélectionne subjectivement Kaolin, Torso et Varsovie), Joy/Disaster est le groupe qui produit le plus de titres tout en conservant son nom (Torso a muté en Lüderitz ; Kaolin, un peu plus vieux s'est arrêté), comme si l'ADN déniché en 2005 avait d'emblée donné foi, confiance et force dans cette fragilité tapageuse ("Broken" élégant titre final). Cette voix proche des intonations de Ian Curtis ("Certainties") posée sur des compositions directes et rugueuses (le lancement de "Close"), tout en gardant de l'émotion, est l'accroche du groupe. De là cette trouvaille de la barre oblique qui scinde le nom en deux, mettant en scène cette dichotomie tout maniaco-dépressive ("Joie/Désastre"). La pochette, une nouvelle fois magnifique, sera appréciée dans un second temps en grand format, le disque sortant d'abord sous format digitalisé.

Tracklist
  • 01. Memories
  • 02. Blind
  • 03. Breathe
  • 04. Certainties
  • 05. Somewhere
  • 06. Close
  • 07. Trust
  • 08. Nature
  • 09. Shine
  • 10. Hope
  • 11. Alloy
  • 12. Moment
  • 13. Face off
  • 14. Broken