Obsküre est parti à la rencontre du duo français La Breiche, composé de Yan Arexis (Stille Volk / Sus Scrofa / Common Eider, King Eider / Coume Ouarnède) et de Patrick Lafforgue (Stille Volk / Sus Scrofa / Hantaoma) à l’occasion de la sortie de leur dernier album, Le Rite, qui mélange des sonorités dark rituel avec un son post-rock.
Obsküre : La Breiche signifie la sorcière en pyrénéen ancien, pourquoi avoir choisi ce nom ?
Yan Arexis : J'ai en mémoire le moment où je l'ai adopté. Je regardais une photo ancienne d'une vieille maison du Couserans (Ariège) qui représentait bien l'ambiance que j'avais en tête. J'y voyais une rebouteux à l'intérieur, plutôt une femme, une sorcière. Breischa est le nom plus habituel, mais Breiche était moins typé, plus fort, sobre.
La Breiche est un projet qui remonte au milieu des années 1990, pourtant votre premier essai ne sort qu’en 2016. Comment l’idée de ce projet est-elle née ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour sortir un album ?
Ce ne remonte pas exactement aux années 1990 stricto sensu. Disons que le climat, l'ambiance des choses oui, directement dans les sources du black metal que l'on faisait à cette époque avec Sus Scrofa. Et puis il y a eu sans doute le besoin de poser tout ça. Ça a pris ce temps. Je ne saurais l'expliquer.
L’univers musical de La Breiche est riche et varié et on peut y entendre de nombreux instruments, comment avez-vous plongé dans la musique, quel a été le déclic ?
On a toujours fait comme ça. Dans Stille Volk il y a beaucoup d'instruments. On fait principalement une musique électro-acoustique en venant de la musique électrique, ça couple beaucoup de choses. De mon côté, je fais aussi pas mal de musique électronique, ça ajoute encore d'autres instruments.
Pourquoi cette musique ? Vous jouez ensemble et vous avez de nombreux projets parallèles chacun de votre côté avec des champs musicaux très variés passant de l’ambient, par le glitch jusqu’au metal (Aurost, Hantaoma, Cober Ord, Lingering Echoes / Ihan ou Coume Ouarnède). Est-ce une déclinaison de votre univers, une variation au sein d’un même thème ? Comment définissez-vous l’identité sonore d’un projet ?
Ça n'irait pas dans un autre des projets que tu cites. Non, en fait on compose spécifiquement pour La Breiche. Je crois que La Breiche est un peu la continuité du deuxième album de Stille Volk, qui est très très atypique dans la discographie du groupe, aux antipodes même. Si Stille Volk avait poursuivi dans cette voie, ça aurait peut-être donné La Breiche.
Depuis 1991, vous faites de la musique ensemble (Sus Scrofa, Stille Volk et bien sûr l’organisation du festival de L’Homme Sauvage), en étant tous les deux compositeurs du groupe. Comment arrivez-vous à trouver l’équilibre et à répartir la création ?
On ne réfléchit pas. On imagine un truc on le fait, enfin on essaie, on se donne les moyens. Des fois ça prend du temps. Des fois ça ne marche pas. D'essayer, c'est déjà un plaisir.
On sent dans tous vos projets musicaux l’influence qu’exercent les Pyrénées, ses paysages, ses traditions et ses croyances... Puisez-vous votre inspiration dans d’autres horizons comme des livres, des artistes comme par exemple Charles Fréger et sa série sur les Hommes sauvages ?
Ah oui, j'ai ce livre de Charles Fréger chez moi. C'est un livre très fondateur, je trouve. Il m'a conduit d'ailleurs jusqu'en Sardaigne pour découvrir les Mamuthones. Les Pyrénées c'est un peu une obsession, depuis toujours. Il y a peut-être cette envie permanente de se plonger dans les climats qui y existent, parce que c'est hyper inspirant et parfois fugace. Mais oui, clairement on n'est pas bloqués sur les Pyrénées. Là, actuellement je me suis replongé dans Giono. C'est un auteur totalement animiste, notamment la première partie de son œuvre, à travers la trilogie de Pan. Colline est le livre qui m'a le plus marqué. Patrick m'a dit récemment qu'il lisait une œuvre de Norbert Casteret, c'est un des pionniers de la spéléologie française. Sinon je m'intéresse à pleins de trucs. Là je lis un livre de Richard Ford… très loin des Pyrénées, donc.
En 2016 sort votre premier essai Survivances qui se présente comme une collection de morceaux à l’atmosphère hors du temps, au côté impalpable. Quel était l’esprit qui régnait lors de la création de ces morceaux ?
On avait envie d'archaïsme, de créer une musique brute, ancienne, sale, sorcière, mystique, étrange, pauvre aussi.
La démo est inspirée par la sorcellerie pyrénéenne, avec des titres comme "Eht Charmatori" (ou "maudat" en occitan), qui désigne un sorcier qui jette des sorts. Thème exploré avec l’album éponyme de Stille Volk ayant pour couverture Naïa la sorcière mais avec une expression musicale très différente. Ce concept lie les morceaux de l’album mais cette thématique forte est mise en retrait dès le deuxième album, pourquoi ? Avait-elle atteint ses limites ?
On avait envie d'un truc plus curieux, qui nous surprenne nous-mêmes. Prendre un chemin qui nous mènerait dans un endroit inconnu. Suivre un chemin tout tracé, c'est l'ennui absolu. Non merci. Mais ça pourrait aussi bien revenir...ce n'est jamais très loin...
On retrouve également sur Survivances une reprise d’un chant médiéval du XIIIe, "Chevalier, mult Estes", et "Aztikeri", un chant traditionnel basque. C’est d’ailleurs les seules fois que vous avez fait des reprises. Comment s’est fait le choix de ces interprétations ?
Je crois que ça nous fascine. Je ne dirais pas que ça me passionnerait sur deux heures en continu. Mais - je parle de "Chevalier" - c'est tellement minimaliste, c'est pur, beau. Tu es obligé de rester à ta place, d'y aller en finesse. On avait ultra envie de faire un titre comme ça avec presque rien. Un titre osseux. Pour "Aztikeri”, c'est une imprécation basque, j'ai trouvé le texte puisant, vrai, paysan.
Ce premier effort, Survivances, vient d’être enrichi de nouveaux morceaux et bénéficie d’une nouvelle couverture, pourquoi ces morceaux-là ne pouvaient-ils figurer sur le dernier album ?
Parce qu'ils ont été composés en même temps que les autres, donc il est normal de les retrouver là. On les a sortis du placard, ils sont du même jus. C'est l'avantage du digital, tu ajoutes, tu retranches...
En 2017 sort Le Mal Des Ardents, qui part du récit d’Adémar de Chabannes, moine des X-XIe siècles de l’abbaye Saint Martial de Limoges, qui décrit les manifestations liées à la maladie de l’ergot de seigle qui frappe la ville en 994 et sera à l’origine des ostensions : "En ce temps-là, le Mal des Ardents s'alluma. Un nombre incalculable d'hommes et de femmes eurent le corps consumé d'un feu invisible ; de tous côtés les lamentations remplissaient la terre." L’album explore le sentiment de peur face à des événements que l’on ne maîtrise pas et les solutions qu’on y apporte en fonction de ses connaissances et sa culture, phénomène décortiqué dans l’ouvrage de Jean Delumeau La Peur en Occident (XIVe-XVIIIe Siècles). Une cité assiégée et faisant écho de manière prémonitoire à la pandémie en cours. Comment est né ce concept ?
Si je me souviens bien, je suis tombé sur une courte description du mal des ardents dans un livre d'histoire, en me documentant sur le Moyen-âge. Je me suis dit : "voilà le thème du prochain La Breiche." Ensuite j'ai approfondi. On a travaillé les morceaux avec cette ambiance fantasmée en tête. J'ai passé du temps en Limousin il y a quelques années, sur le plateau de Millevaches, ça m'a aidé. L'ambiance y est magique, mystique.
"L’envie d'explorer la richesse des archaïsmes, de repousser un peu plus encore les frontières entre musique médiévale et musiques actuelles" prend tout son sens et cet opus a un côté mystique, quasi religieux, plus sombre et cohérent aussi... Quelles ont été les influences majeures sur cet album ?
On avait envie de procéder autrement, de n'avoir aucune limite, de faire un disque plus noir et profond à la fois. On a travaillé à partir de guitares et de rythmes électroniques boiteux et râpeux. Il y avait une envie de climats profonds, progressifs, dépressifs avec beaucoup de reverb et puis ramener cela à un schéma binaire grâce à la batterie avec des rythmes simples, loin du mal des ardents au final qui est plus inaccessible. On n'avait pas envie d'un truc expérimental. On voulait faire des chansons bizarres, mais je crois qu'on n'y est pas arrivé...
On note dans La Breiche l’utilisation de multiples langages (Basque, Occitan, Français, Scandinave...) mais aussi une langue que tu qualifies d’"idioglossie" (cf. Twice - une langue idiosyncratique inventée et parlée par une seule personne) ou glossolalie comme Lisa Gerrard. Comment se fait le choix de la langue ?
C'est exactement ça. Je me souviens d'avoir lu un article sur Lisa Gerrard à ce propos, c'est exactement ce qu'elle fait. Et elle a complètement raison. À quoi bon rationaliser avec des mots ? Leur son exprime autant de sens. Je parle mal anglais et pourtant je perçois la sensibilité des mots, idem pour une langue qu'on ne connaît pas, on ressent si c'est à crever de tristesse ou de joie… Et parfois il y a la force des mots, mis dans une soupe musicale ça prend une force incroyable, des fois juste un seul. Sur ce disque on n'a pas écrit de texte. On n'en voyait pas l'utilité, ça peut tout mettre par terre.
Cet album sort sur le mythique label anglais Cold Spring Records (NDA : maison protectrice des œuvres de Psychic TV, Laibach, Nordvargr…). Comment êtes-vous entrés en contact avec eux ? Aviez-vous reçu d’autres propositions de label ?
On avait sorti le premier avec eux, on a continué. Ils étaient d'accord. Je crois qu'on n'intéresse pas grand monde d'autre. En fait, j'en sais rien. Les labels sont surbookés. Après, c'est une affaire de liens. Mais pas forcément, j'ai des liens étroits avec des patrons de labels sans pour autant sortir un disque avec eux. Ce n'est pas bien compliqué au fond. Si on nous propose un truc demain, pourquoi pas, sinon nous ferons par nous-mêmes. On n'a pas de plans. L'important c'est d'avoir des choses à raconter, de se faire plaisir à créer, il n'y a que ça qui nous intéresse.
Cette année 2020, vous revenez avec Le Rite, album synonyme d’un virage musical. On note que le morceau le plus révélateur de cet album est à notre sens le morceau "Exuvie", mot qui désigne la peau rejetée par un animal lors de sa mue (NDA : mais aussi celui de Exuvies du deuxième album de Stille Volk, qui avait marqué un grand tournant musical dans la carrière du groupe en terme d’expérimentation), symbolique que l’on retrouve dans le clip "Le Rite" sous la forme d’un rite de résurrection. Cet album est-il comme les saisons, il meurt et renaît sous une nouvelle forme ?
Bien vu. Le clin d'œil à Exuvies de Stille Volk est volontaire. Mais il y a autre chose. On nage en pleine mouvance "ritual", les groupes pullulent, on sort du dark ambient qui fait figure de soupape pour le black metal pour embrayer sur le ritual plein pot. Il y a une envie d'essence pure, de vérité, de naturel, de profondeur. D'un autre côté, il va y avoir une tendance à la quantité, à l'étiquetage.. du coup sortir un disque pas du tout ritual, qui tend plus vers le post-rock que vers le dark ritual et l'intituler Le Rite nous a plus qu'excités...
Le Rite voit l’apparition des guitares électriques et d’une construction des morceaux plus typée rock. Là où précédemment la vielle à roue dirigeait la mélodie, elle se met en retrait. De plus, on discerne des influences post-rock, on pense par moments aux groupes islandais Sigur Rós ou encore Sólstafir. À quel degré intégrez-vous ces influences dans votre musique ? Est-ce une nouvelle façon de composer ? Un nouveau vocabulaire ?
J'écoute beaucoup de post-rock depuis longtemps, en fait dès le premier album de Tortoise que j'ai acheté à sa sortie en 1994. En France Ulan Bator était précurseur. Trans Am reste un de mes favoris mais j'aime par dessus tout Labradford et Pan American (Mark Nelson est un génie !!!). Sólstafir, je connais, mais sans plus. Leurs clips sont par contre excellents. Bon, clairement l'avenir s'oriente vers une approche plus binaire, on verra où ça nous mène. Personnellement ça ne me gênerait pas du tout d'avancer vers quelque chose sur une base plus "rock" dès lors que tout est étrange et profond.
Avec cet album, La Breiche s’éloigne de son affirmation "La Breiche utilise exclusivement des instruments acoustiques !!" scandée sur le deuxième album pour pousser plus loin les expérimentations dans le choix des sons. On y retrouve le côté lithique et aquatique présent sur Coume Ouarnède (haut lieu de la spéléo) et Cober Orb (Arixo est le dieu des pierres). Mais aussi une utilisation plus poussée de l’électro et de voix robotiques. On passe d’un son organique à quelque chose de synthétique... N’avez-vous pas peur de dérouter vos auditeurs ? Est-ce vous qui captez les sons et les retravaillez ? Comment procédez-vous ?
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais est-ce que ce n'est pas ça qui est intéressant de toujours chercher à se réinventer ? C'est comme quand tu cherches des champignons. Si tu restes sur le chemin, tu ne trouves rien… il y a peut-être eu des champignons mais quelqu'un est passé avant toi. Ou alors tu es le premier car tu t'es levé tôt. On fera ce qui nous passe par la tête même si ça nous mène dans le mur ; on s'en fout complètement, on mettra ça sur Bandcamp et puis voilà. Je fais pleins de trucs qui n'intéressent personne... On prend un plaisir immense à créer, enregistrer, poser un climat bizarre sur scène… le reste, c'est matériel.
En fait l'important c'est de savoir si c'est bon ou pas. Si Le Rite est un album complètement nul et à chier, ben alors OK. Mais tant pis, on aurait pas pu enregistrer autre chose. C'est la musique la plus sincère et honnête qu'on ait composée à l'instant T. Ça déroutera des gens, c'est certain, mais du coup c'est finalement plus respectueux des auditeurs que l'on ne cherche pas à maintenir dans un petit pré carré rassurant et confortable.
Avec Le Rite, le fil conducteur de l’album est clairement énoncé, on plonge dans la mystique avec des titres évocateurs tels qu’ "Homélie du Trépassé", "Ekklesia" ou encore "Monastery". Comment a germé l’idée de cet album ? Est-ce que la thématique est née spontanément ?
En fait on a très peu enregistré séparément. La plupart des titres, on en a enregistré les bases en live à deux. Donc on a modelé le climat au fur et à mesure. Et on se disait "ouais, ça c'est bien étrange, bien bizarre, profond, on garde." Après, la couleur est venue au fil du temps. Ça a pris beaucoup de temps, plusieurs mois pour les arrangements pour ne pas céder à la facilité. L'idée c'était de travailler à fond sur les détails, d'avoir un album très "produit"… Ensuite, oui, on avait envie d'aller encore plus loin, d'explorer un climat mystique, mais autrement, avec une autre instrumentation. Je crois qu'on y arrivera jamais et tant mieux...
Sur cet album on trouve la présence de deux invités : Camecrude à la vielle à roue et le jazzman Wilfried Arexis au trombone sur l’incipit, mais également en tant que compositeur du thème d’"Etter Regnet". En 2017, une collaboration unissait déjà Wilfrid Arexis et La Breiche pour le projet Montanha (NDA : "montagne" en occitan). Pouvez-vous nous en dire plus sur le choix des invités et sur le projet, peut-on y voir les prémices de cet album ?
Pour Wilfrid, comme son nom l'indique, il s'agit de mon oncle. C'est un incroyable tromboniste, mais il joue de tout avec brio. Et pire que tout, il ne se plante jamais. Une prise et c'est bon. On l'a invité comme on s'invite à la maison. Il avait joué sur scène avec nous à L'Homme Sauvage en 2017. Quant à Valentin, nous nous sommes concertés et on s'est accordé pour l'inviter. Artistiquement et géographiquement, on est proches. Il est plein de talent, on savait qu'il tomberait dans le mille, sa participation est excellente.
La musique de La Breiche est composée de multiples couches d’instruments et d’enchevêtrements de voix. Comment procédez-vous pour l’enregistrement ? Avez-vous, comme sur le titre "La Murgui", capturé live à la Chapelle de Proupiary (grange cistercienne - 31), enregistré cette fois-ci dans des endroits naturels ou chargés d’histoire ?
On a enregistré beaucoup de bases en live guitare et électronique ensemble. Ensuite on a fait les arrangements par ailleurs, parfois ensemble. Cette fois-çi tout s'est fait en studio. Il y a quelques field-recordings.
Alors que Yan s’occupait jusque là de tous les visuels, sur cet album c’est Dehn Sora qui s’occupe de l’artwork. Comment s’est déroulé le processus créatif, le choix du graphiste s’est fait naturellement ?
En fait on se connaît depuis 2017 avec Dehn Sora. Nous l'avions invité à plusieurs reprises avec ses différents projets à L'Homme Sauvage (Treha Sektori, Throane, Ovtrenoir). Nous nous sommes liés. C'est quelqu'un de très talentueux et simple. Il avait déjà fait un visuel pour mon projet Ihan/Lingering echoes. Voilà, outre le talent, il y a la valeur humaine que j'apprécie chez lui.
Quelques morceaux avaient déjà bénéficié de clips comme "Joaldunak" et "Survivances", illustrés par des extraits de documentaires sur des mascarades et rites pyrénéens. Le clip "Le Mal des Ardents", vous mettait en scène dans les ruines d’un château et au pied des Pyrénées. Pour le morceau "Le Rite" vous avez travaillé avec EDZA Films, comment s’est déroulé le tournage ?
On a tourné en suivant la courbe du soleil sur un jour et demi en luttant contre la pluie. Les scènes de nuit ont fini en apocalypse. L'humidité était toujours présente. Patrick est resté près de huit heures dans un drap humide, ça l'a rendu malade et j'ai passé autant de temps à traîner presque 80 kg à bout de bras, il m'a fallu une semaine pour m'en remettre. Un journée entière à marcher pieds nus dans la terre humide, dans les ronces parfois… C'était physique, excitant, au final on a souffert mais adoré.
"Parler de musique sacrée, par opposition au divertissement, c'est considérer la musique comme un rite. Au sens où celui-ci est un acte de transmission comme peut l'être une cérémonie initiatique dans une société archaïque. Le temps du concert est le temps du rite au cours duquel le musicien se fait passeur." (La Breiche)
> Vous souhaitez retrouver un des sens premiers de la musique, le sacré ? Si un concert de La Breiche est un rite, le décor se doit d’être exceptionnel. Vous avez joué dans des lieux comme la chapelle de Brouls, le cloître de la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges et bien sûr à L’Homme Sauvage... Comment se fait le choix du lieu ?
Oui, personnellement c'est ce que je préfère, que la musique ait ce sens-là. En ce sens, L'Homme Sauvage est assez révélateur, les groupes peuvent exprimer leur part de sacré, quelque soit leur style qui pourrait a priori sembler en décalage. Je crois que tout artiste est mystique. Mais bon, je passe autant de bon temps devant un concert de Ratos de Porao. On joue peu parce qu'on a peu de propositions, tout simplement. Mais ce qu'on a fait jusque-là collait. Vu le côté assez peu festif de notre musique, je nous crois condamnés à des lieux du genre.
La pandémie en cours a dû bouleverser vos plans, notamment avec l’annulation de nombreux festivals, est-ce que vous avez des dates à venir ? Avez-vous profité du confinement pour composer de nouveaux morceaux ? Où en est le projet Huech* Musiques autour du Feu rituel des Pyrénées (* le feu en gascon) ?
Comme on n'avait pas de plans, ça n'a pas bouleversé grand-chose. L'album est sorti en pleine pandémie, comme prévu. Peut-être qu'on y perd un peu de presse. Possible. Non, on ne nous a rien proposé, mais bon ça ne nous change pas beaucoup en fait. Et sinon, oui, clairement, à peine le disque sorti on a recommencé à composer. Dans l'idée, on imagine en faire un vinyle. Il y a une idée autour de Giono. On verra si on arrive au bout, à moins que Huech resurgisse.
Merci beaucoup, La Breiche, d’avoir répondu à nos questions. Nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à vous deux pour cette interview. J'ai été très (agréablement) surpris par votre travail de recherche sur La Breiche et votre application à étudier les choses. On ne le dit pas assez. On est des passionnés, tous et sans journalistes, sans écoutants, rien n'existe, il n'y a pas de business ici… Encore merci pour l'intérêt, pardon si on ne fait pas tout comme vous voudriez (peut-être). Si vous n'avez pas de sous, n'achetez pas le disque, écoutez le juste. À bientôt, préservez-vous.