Ah Larsovitch ! Un nom qui s'est imposé avec rapidité dans le paysage cold. Cold ? Pas que ! Un bon pogo renforcé de synthé pour monter à l'assaut des scènes nombreuses où se produit le projet : "Désir Excès" donne son titre à ce nouvel EP et se trouve au final. Compris : rien n'est fini et on remet au début après ce sursaut d'énergie au phrasé proche de Krav Boca, en alternance avec une diction plus colorée new wave.
Cette fois-ci, le court format de cinq titres se fait en collaboration avec Dramachine d'Athènes. Les deux formations ont paré leur van pour une virée concerts ensemble. Et rapidement l'envie a été mise en forme : composer à deux. Et ensuite, une pause au studio Buduzi (Athènes) pour enregister avec Leonidas Theofylaktidis (qui signe également le mixage).
"Vios / Mania" s'ouvre comme la reprise sur le Normal No EP de "Obossrannyi gueroï" : ligne mélodique, puis rythme trépidant. C'est gentil, prenant, efficace. Les deux voix se soutiennent, virevoltent et, progressivement, la structure s'assagit, bascule après un break sur une atmosphère moins évidente. C'est la différence entre du punk-pop et du post-punk, aller vers un territoire plus alambiqué, sortir des paysages tout balisé. C'est ça, un single !
La part féminine vient glacer le refrain de « Depression 401 », là aussi composé en deux mouvements en apparence contradictoires, comme si la musique ne pouvait être facile, mais devait reproduire les changements d'humeur, en glissant de la tristesse à l'acceptation. Les touches délicates de guitare curesques de "Soviet" tempèrent la dureté des voix masculines. De nouvelles mélodies brouillent les pistes, créant un kaléidoscope comme en opère la K-Pop ; on a même un riff de guitares féroces qui va et vient ! Très étonnant ! Face à ces titres alambiqués, la simplicité directe d'« Objet a » et son rythme plus doux s'effacent. Pour mettre en valeur cette ambiance plus retenue, il faudra d'autres titres, rallonger la sauce.
Finalement, cette co-composition permet de lancer les deux groupes vers de nouveaux publics, avec cinq titres variés, efficaces séparément (au moins trois singles peuvent être mis dans des playlists) et un format court, rapide à défendre, avec une pochette au charme tout noir de chez noir. Une sortie dans l'immédiateté, travaillée mais désordonnée, foutraque comme les luttes et les agitations d'un monde possédé. On comprend que ça émoustille de traverser l'Europe en ce moment...
