Linea Aspera avait fait l’effet d’une étoile filante sur la scène darkwave : après un excellent premier LP homonyme sorti en 2012, le duo avait décidé de se séparer en 2013. La chanteuse Alison Lewis avait alors fondé un autre duo, Keluar, avant de se lancer en solo sous le nom de Zanias. Ce n’est qu’en 2019 qu’elle a retrouvé son acolyte Ryan Ambridge pour une série de concerts avant d’annoncer la sortie d’un deuxième album pour 2020.
Si le duo est resté dans les esprits c’est avant tout grâce à l’incroyable voix d’Alison Lewis ainsi que pour son sens inné de la mélodie. Leur premier album était une véritable usine à tubes, il n’y a qu’à (ré)écouter "Synapse", "Eviction" ou encore "Malarone" pour s’en rendre compte. Sobrement intitulé LP II, ce nouveau cru de Linea Aspera – autoproduit par le groupe - est une réussite de la première à la dernière note, dont les multiples écoutes ne font que renforcer cette impression. Il s’inscrit dans la continuité du premier album, tout en apportant des touches de nouveauté.
Ce qui ne change pas, c’est la capacité de Linea Aspera à composer des titres forts et accrocheurs. Le premier extrait "Solar Flare" est la preuve que le groupe n’a rien perdu de sa superbe : la voix d’Alison Lewis alterne entre puissance et émotion et la mélodie est imparable. "Event Horizon" est un autre tube immédiat, avec ses nappes de synthés et son refrain entêtant. Et comment ne pas succomber au fabuleux "Redshift" sur lequel Alison Lewis envoûte en nous répétant "I’d like to use you to fill the void" ? 
Ce nouvel album n’hésite pas à s’aventurer sur des terrains un peu différents. Il flirte avec la minimal wave sur "Equilibrium" et sur "Entropy". Mais c’est surtout "Entanglement" et son approche plus expérimentale que le groupe montre son évolution avec une approche plus complexe dans la construction du morceau. C’est également le cas sur le sublime titre final "Wave Function Collapse" dont les paroles prennent littéralement à la gorge et sur lequel la douleur dans la voix d’Alison serre le cœur.
Si la scène darkwave compte son lot de très bons groupes, peu d’entre eux parviennent à atteindre cette puissance émotionnelle et une telle qualité dans les mélodies. Seules les françaises de Minuit Machine et l’Islandaise Sólveig Matthildur semblent capables de tenir la comparaison. Le retour de Linea Aspera ne déçoit pas, bien au contraire. En huit titres, le duo confirme son statut de groupe incontournable de la scène darkwave en signant un album d’une beauté quasi cosmique, à la fois addictif et déchirant, dont on ressort foudroyé. Magistral !
