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Ténèbres, puits sans fond. Obsküre plonge, fouine, investigue, gratte et remonte tout ce qu’il peut à la surface

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Live report
29/09/2022

Low Tone I | 2022

La première nuit des musiques mélancoliques a eu lieu

Date : 20/09/2022
Lieu : CCM John Lennon (Limoges, 87)
Sur scène : H/P + Olen’K + Collection d’Arnell-Andréa
Photographie live : Ardonau
Posté par : Emmanuël Hennequin

Vagues de froid pour son live. L’agence Trait Singulier, l’association Silencio (en charge de la destinée d’Olen’K) et Obsküre avaient uni leurs forces pour vous retrouver… et vous êtes venus à notre première nuit des musiques mélancoliques, ce samedi 24 septembre 2022 au CCM John Lennon. 

Cette première édition voulait embrasser la saison naissante, et nous vous avions concocté un plateau de trois groupes, en vue de réaliser par le son l’idée Low Tone : les formations produisaient toutes une vibration différente et originale, mais leurs résonances étaient unies par un ton au spleen qui entre en résonance avec ces sentiments mélangés que provoque, à l’approche d’octobre, le début de la fin de la nature. 

Encadré par les rideaux noirs et protecteurs de la petite jauge (330 personnes), le public s’est massé devant la scène du CCM pour trois performances fort distinctes. Elles se sont révélées dignes des espérances. Le confort et l’espace offerts par le Centre culturel John Lennon ont permis à l’auditoire (qui comprenait de jeunes enfants aux oreilles soigneusement protégées, et des petits plus grands, de parents nés dans les années 1960 et 1970) de profiter à plein de la présence des artistes. Ce à quoi nous aspirions avant tout, en plus de jouir d’une acoustique pour la qualité de laquelle nous saluons une dernière fois le staff technique. Sans ces hommes-là, rien de tout cela n’aurait pu exister.

H/P, premiers à apparaître sur scène (ancien patronyme : Happiness Project), ont délivré un set sérieux et maîtrisé dans cette salle qu’ils investissaient pour la première fois depuis leur signature chez BOREDOMproduct. L’hypnose minimale engendrée par leur son synthétique et poétique a su donner le ton. Low Tone était installé. La gorge posée de Frédéric Tuyéras a sur scène une profondeur et transporte la même chair que les prises studio. Christelle est la voix qui acidule et ponctue, quand Cyrille supervise les instrumentations. Ponctuellement, il sort une basse en légère saturation et au pigment new orderien. Grain d'afterpunk dans cette synthpop rétrofuturiste. Une belle unité de groupe et un set concentré essentiellement sur le tout dernier album studio Programma.

SETLIST : Mutation remix / I prefer two / Hope in the Distance / 9 mars / Black Tea / Les Choses / The Alarmist / Ultraviolin


Olen’K, pour sa part, a délivré un set réservant ses honneurs au dernier album en date Architextures. Le groupe a aussi abattu la carte d’une référence qui rassemble l’auditoire : sa reprise du "Never let me down again" de Depeche Mode fonctionne vraiment bien. Quant aux nouveaux morceaux, ils promettent un cru 2023 sensible et ouvert. Par ailleurs, et nous vous le confirmons, Olen’K sait vous faire danser ("Blue Orison"). En voix, Elise Montastier était à nouveau secondée au chant par sa sœur, Pauline, et le line-up rassemblé autour des fondateurs depuis plusieurs années (incluant le guitariste Florian Compain et le batteur Alex Morlay) a fait preuve une nouvelle fois de force de style et d’intention. Cet Olen’K a convaincu.

SETLIST : Thorn / An Absence / Intimacy / Liberty / Vertigo / Réunion / Across the Mirror / Never let me down again / Blue Orison / Némésis



Collection d’Arnell-Andréa, enfin, a redéployé le son typé de ce spleen pour lequel nous les aimons depuis plus de trente ans, dans ses aérations, ses fulgurances. De la nouveauté s’est glissée dans le set mais il va sans dire : certains classiques sont indéboulonnables ("Les Cendre-Lisières"). Le groupe fascine surtout et toujours pour cette capacité à dynamiser le noir ("The Spirits of the Dead") autant qu’à façonner en latence des paysages dramatiques ("Les Périssoires", immense). C'est un art. Les sons synthétiques créent cette pellicule qui enrobe et calfeutre, tandis que les cordes et guitares pigmentent, sans pour autant prétendre à domination.



Le glas de minuit a sonné tôt, samedi soir, après le rappel de Chloé St-Liphard & friends. Deux ans d’efforts pour les trois structures coorganisatrices avaient précédé ce moment fugace (la Covid nous avait fait repousser l’échéance, avec l’assentiment des trois groupes), mais il a existé et il restera. Trait Singulier, Silencio et Obsküre, qui ont éprouvé à l’occasion de Low Tone I leurs capacités de  travail en commun, tiennent aujourd’hui et en dernier lieu à remercier l’ensemble des groupes ainsi que chaque personne du public venue assister à cette première nuit des musiques mélancoliques. Demain, nous nous poserons la question des suites à donner.

Bel automne à tous.