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Album
04/04/2023

Marquis

Konstanz

Label : Virgin / Universal
Genre : afterpunk / art rock / pop / chanson / new wave
Date de sortie : 2023/04/07
Photographie : Richard Dumas
Note : 75%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Frank Darcel (composition, guitare) et Eric Morinière (batterie, autres fondations) tiennent le cap. Marquis, 2023 : reconfiguration bis d’une histoire post-traumatique. Rennes ne s'endort jamais. Des gens qui entrent, qui sortent, une tribu en recomposition. Cinq studios différents pour l’opus II, un accouchement juché d’embûches. La vie ressemble parfois à une bataille.

Konstanz est un disque au service duquel l’invitation apparaît, de l’extérieur, comme notion structurante. Marquis, âme phœnix de feu Marquis de Sade, resurgit avec ce deuxième chapitre studio comme une entité polymorphe, à tous les sens du terme : dans le registre musical, multiforme, comme dans le déploiement des femmes et hommes autour du noyau dur. Depuis le premier opus (Aurora, 2021) s’est installé au chant le Belge Simon Mahieu, tandis qu’à la guitare débarque aujourd’hui l’ex-Detroit Niko Boyer, dont nous avions pu observer l’implication scénique et la force de conviction. Le groupe a dû aussi s’organiser pour faire face au vide laissé par une maladie invalidante touchant le bassiste historique Thierry Alexandre (que nous saluons bien bas). Suppléance, une brochette de bassistes : Pierre Corneau (Kas Product Reload, ex-Marc Seberg), Jared Mickael Nickerson (The The), Davy Habets, Xavier Soulabail, Bob Briot.

Il y a du monde, mosaïque de compétences qui ne dilue rien. Marquis ambitionne au contraire d’asseoir identité sur Konstanz : un disque mû par neuves énergies. Les chansons transpirent d’une flamme ("Henry Lee didn’t do it"), quand ailleurs le groupe égrène lascif groove, en bonne compagnie : Ivan Julian (Republik, The Clash, Richard Hell, The Foundations) et Denis Bortek (Jad Wio), guests de luxe, mettent un gros grain de sel sur "Listen to the big Bang". Elli Medeiros est aussi là sur "In the Mood for Sun", qui donne le change à Mahieu sur un ton enlevé et espiègle. Pardonner, revivre, et brûler ce qui encombre. Simon Mahieu a lui aussi son espièglerie, qui fait des jeux de langues et mêle des iels à un miel franco-allemand. C’est sur fond de guitares rêches mais tenues ("Er Maez", avec – excusez du peu – Vernon Reid de Living Colour). Par moments, le groupe trouve une profondeur organique, c'est comme une évidence : "Jour de Gloire" a des allures de classique et touche une âme. Et puis dans sa posture anglophone, Marquis trouve une énergie, un tranchant : "Pyramid", où hurle le saxophone de Daniel Paboeuf, a une aura. Même allure que "Jour de Gloire".

Les fêlures font le grain, révèlent profondeurs. Le feu a des vertus cathartiques quand par ailleurs, le son de Konstanz trouve une chair plus intime ("Immensité de la Jeunesse"). C’est l’option par laquelle il conclut ("Au premiers Feux", mémoire en réponse à l’absence), offrant espace au recueillement. Un refuge. Un être manquera toujours mais la nature a horreur du vide. Il y a tout ce qui nous attend, et ce point qui scintille à l'horizon. Konstanz calfeutre un souvenir et regarde au loin.

Tracklist
  • 01. Er Maez (ft. Vernon Reid)
  • 02. Jour de Gloire
  • 03. Pyramid
  • 04. In the Mood for Sun (ft. Elli Medeiros)
  • 05. Immensité de la Jeunesse
  • 06. I wasn't born for Real (ft. Pierrick Pedron)
  • 07. Henry Lee didn't do it
  • 08. Listen to the Big Bang (ft. Denis Bortek & Ivan Julian)
  • 09. Brighter
  • 10. Exotica
  • 11. Aux premiers Feux