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Album
29/06/2020

Melt

The Secret Teaching Of Sorrow

Label : Mongrel Records
Genre : ritual alternative rock
Date de sortie : 2020/06/16
Note : 80%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Melt change petit à petit. Le son qui se dégage l'introduction passée est bien plus lourd que ce à quoi on s'attendait. Parfait ! Cette force et cette lourdeur aident la voix à s'élever dans le spectre sonore. La rudesse se marie à la douceur ("Mind") et ravive de bons souvenirs d'autres formations qui avaient creusé cette voie (comme par exemple ACWL). Classique dans sa montée tendue de plus de six minutes, "Moth" grimpe un à un les échelons de sa réussite.

"On this Earth" fait le lien judicieusement entre les prémisses et ce qui advient aujourd'hui. On tient un groupe grand, prêt à s'imposer auprès de ceux qui apprécient ces couleurs hard-rock (je pense aux fans de Joy Disaster). L'album est construit avec une alternance presque stricte de titres denses et d'interludes, mettant ainsi en avant les compositions. Quand retentissent les dernières mesures de "Hellion", on comprend qu'on tient là un grand disque de 2020.

Les compositions œuvrent dans un post-rock metallisé (un peu comme le faisaient les Devianz) de bonne facture, le son étant particulièrement bien traité ("On this Earth"), mais c'est surtout la personnalité vocale de Charlotte Shiroe qui tient Melt de bout en bout. Les guitares, la basse et la batterie lui fournissent un cadre à l'image de ses possibles. Sa voix se déploie en variantes touchantes, passant sans obstacle aux aigus ou plaçant de légers trémolos ("On this Earth"). C'est sur "Land" que l'engouement est le plus fort : le titre débute sans distorsion, jouant des arpèges de façon scolaire et émouvante, tout en mid-tempo. Sur ce canevas immédiatement repérable, la chanteuse lance sa spectaculaire mélodie. Le refrain nous élève, puis le break fait démarrer en lenteur les saturations. C'est simple, décrit ainsi, et pourtant, ça fait mouche : il n'en faut pas plus, le talent suffit.

Les cris offrent un tempérament rude, ni grunge, ni metal, ni punk. Une sorte de cri primal, à la Made Out Of Babies : là aussi, on a un sentiment d'honnêteté, de vérité. Alors que sur "Adarsh", un sample de voix masculine issu de la série True Detective complète astucieusement les cris (en discrétion, on en avait un aussi sur "Moth"), les interludes sont assez étranges, présentant un groupe autre – comme l'avait fait Punish Yourself (sur Gore Baby Gore !, en lien avec les travaux de Cheerleader69) ou encore Sulphuric Saliva / Triatoma. On a de l'ambient instrumental ("Sangria "), du son cinématographique (l'intro "We shall not All sleep in Death", "One last Midnight"), de l'esquisse ("On the Brink") et du field recording ("In the Field").

Il reste la pochette, dont la peinture est plutôt associée aux teintes heavenly que proposait en son temps Prikosnovénie pour Louisa John Krol. Un écart assez important par rapport aux attentes et à la force de cette musique ; écart qui, on l'espère, ne leur sera pas dommageable. Pourquoi faudrait-il que le visuel soit lui aussi "encadré" dans des archétypes que le groupe rejette ?

Tracklist
  • 01. We shall not All sleep in Death
  • 02. Moth
  • 03. On the Brink
  • 04. Hellion
  • 05. Land
  • 06. In the Field
  • 07. On this Earth
  • 08. Mind
  • 09. Adarsh
  • 10. One last Midnight
  • 11. Sangria