Les vertus thérapeutiques des musiques ambiantes : une spécificité que ne manquera pas de développer, dans ses conférences 2026 (sous la bannière AMBIENT CHANGED MY LIFE), notre contributeur historique Oliviër Bernard. Nous lui volons l’argument, quoique nous focalisions sur la facette la plus évidente, pour nous, du parti-pris qui est le sien : la dimension immersive du dark ambient. Celle de la formation italienne New Risen Throne, qui accuse au compteur pas loin du quart de siècle d’existence, offre ce "socle réparateur" auquel fera probablement allusion Oliviër ; et qui, sur The Journey To Reach The Fathers, s’offre une assise et un détail inédits. Le travail de couches, son obscure brillance, atteint en cette fin 2025 une suggestivité et un niveau de finition peu communs. C’est, sans doute, l’un des sommets du fond de catalogue de l’artiste Gabriele Panci.
S’il faut toujours prendre avec des pincettes les descriptions fournies sur l’œuvre par la maison de disques ou l’artiste lui-même, les termes utilisés et faisant cette fois allusion à une forme de "transcendance sonore" ne sont pas galvaudés. Le conte entrepris par ce disque en phases est celui d’un chemin de l’âme, d’une approche de l’essence (à distance de cette "identité" qui polarise aujourd’hui le débat public) quand tout le reste se désintègre progressivement. Cette "méditation sur la mort, les ancêtres et la dissolution du moi" démarre dans une tonalité de chant funèbre avec "The Leaving", impliquant l’un de ces guests ayant accompagné NRT dans les soins apportés aux nouvelles sculptures sonores : VRNA est une présence récurrente mais vous retrouverez aussi, en ces lieux, Sysselmann, Phragments (fidèle et vieille connaissance) et Black/Lava. L’invitation est une coutume et le disque d’après, en travail et à paraître sur Glacial Movements, impliquera Desiderii Marginis.
Les vibrations de noirceur cosmique de ce dark ambient ("God never spoke", "Gate II") guident dans le retour à soi, ce voyage intérieur. Chaque silence est la fin d’un cycle, et l’arrachement qu’il suppose n’implique pas forcément brutalité. Un principe d’acceptation va avec l’écoute, et vous vous laisserez faire. Parce que ce son a une puissance magique. Sa glaciation ("Gate I"), sa spatialité et le soin apporté par Paci sur le travail de texturation débouchent sur une œuvre intense et intemporelle. Celle que vous allez remplir de votre voyage.