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Musique
22/06/2021

Opium Dream Estate

Pilgrimage

Label : Duality Records / Crocodilo Discos – Inouïe Distribution
Genre : rock noir héroïque / southern gothic
Date de sortie : 2021/02/19 + édition physique 2021/05/07
Note : 75%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Après une courte introduction plutôt heavenly, le rock d'Opium Dream Estate se déploie. Dans un premier temps héroïque et rétro, il éveillera la curiosité des fans d'un son années 1980, pour du proto U2, du Lords Of The New Church, voire du Stranglers. La frappe de la batterie est sèche, efficace et le clavier de Flora Gousset (Hellebore des Deadchovski et Crimson Muddle !) louvoie avec sensibilité, quoiqu'un peu loin dans le mixage.

Une fois le projet installé, les modulations du chant sont plus déliées, cherchant du côté de New Model Army ou même Wovenhand. C'est tout de même un esprit anglais qui domine chez ces Parisiens. La manière dont le chant se déploie, les thématiques sombres, le lien entre sections rythmiques et le jeu guitare-chant-clavier rappellent toute une brochette de seconds couteaux injustement relégués en seconde division alors qu'ils attiraient des fans pour la vie. Les compositions laissent de l'air au chant, aux silences et relances avec de bons breaks. La rage est contenue, habilement jouée dans le réglage des instruments, à l'image de cette belle paire batterie/percussions (Vincent Fauvet) et guitares sur "Feathers", "Morning King" (rude à souhait et aux discrètes tonalités batcave dans les solos) ou l'agité "Thrown away" mené par la basse de Guillaume Jannin (Sébastyén D. à la production et au mix, Iséo Furudoï au mastering). Plus étonnants sont les titres plus décalés, tel l'introspectif "The Lodge" en guitare cristalline et piano, chant murmuré et violon (Juliette Sedes) et cette prière collective (choeurs qui font bloc) fort bien ficelée qu'est "The Wanderer", ode aux travaux hypnotiques des Doors.

Les détails sont nombreux sur ces onze titres, dégageant ainsi une diversité d'intentions et de formes ; on citera volontiers "Of Iron, Wood & Bones", possédé et tendre, dans un grand moment qui évoque un Peter Murphy perdu au nord du Mexique.

La voix se pare de nouveaux atours sur "Against the Grain", lent et envoûté, proche des travaux de Crime And The City Solution ; un passage au son southern gothic que le groupe met en avant. Les cris et appels sont cependant un peu trop en retrait sur la deuxième partie du titre, alors que cette folie est bien mise en place dans la composition. En revanche, le travail fait autour de l'excellent "Wilderness" met la barre bien haut : non seulement la composition est forte en péripéties et émotions, mais en plus le son balaye les possibles du groupe. Placé en avant-dernière piste, c'est un moment clé de ce disque qui en compte de très nombreux.

Le 7 mai est sortie la version physique de ce bel album (artwork : Maria Labuena). Là où d'autres groupes bénéficient d'une force de frappe promotionnelle impressionnante, Opium Dream Estate doit compter sur votre curiosité.

Tracklist
  • 01. The Path
  • 02. Broken Arrow
  • 03. Black Tar Veins
  • 04. Feathers
  • 05. The Lodge
  • 06. Against the Grain
  • 07. Thrown away
  • 08. Of Iron, Wood & Bones
  • 09. The Wanderer
  • 10. Wilderness
  • 11. Morning King