Avec Die Notwendigkeit der Notwendigkeit (Grzegorzki Records Berlin, 2020), le trio basé à Berlin et composé des personnes de Ly Nguyen, Rico Sperl et Matthias Zimmermann a posé un jalon : premier format long de son histoire, cet album succède au EP Hone (219) et assied un style remarquable : un post-punk épuré, froid, et nourri des voix émotionnelles de Ly. Une musique de rigueur et d’humanité. L’occasion d’aller à la source chercher les clefs du mode opératoire.
Obsküre : Votre son a naturellement évolué depuis les premières sorties et surtout le premier single "She bring the Rain". Qu'est-ce qui a motivé la naissance de Paar et quelles étaient vos intentions au début ?
Paar : La motivation originelle derrière la fondation du groupe était essentiellement d'expérimenter avec des rythmes électroniques et un synthé, et de les associer à une voix féminine. Rico a produit le concept, les rythmes et le synthé et Ly a enregistré quelques voix sous sa couverture. Le groupe a rapidement évolué vers une approche plus élaborée, Matthias enrichissant cette base par des pistes de guitare aux idées elles-mêmes encore plus minimalistes. Comme nous vivions tous dans des lieux différentes, l'envoi de pistes et d'idées par e-mail a également joué un rôle dans l'établissement d'un style de musique plutôt dépouillé - et littéralement "distancié".
Comment procédez-vous pour construire le son Paar aujourd’hui ? De façon classique en répétitions live, en répétant physiquement ensemble dans la même pièce, ou cette musique se construit-elle encore à distance ?
Nous répétons régulièrement ensemble et, de temps en temps, l'idée d'une chanson vient en jammant dans la salle. Cependant, la plupart du temps, les concepts des chansons naissent dans l'électronique et via le partage d'idées en ligne. Paar a commencé comme un cloudband puis a répété ensemble mais nous utilisons toujours Internet pour l'échange, alors même que nous sommes physiquement situés dans la même zone
Il est une véritable efficacité dans les mélodies que vous formez, ce dont un titre comme "Common Crimes" témoigne. Y a-t-il dans la mélodie un enjeu pour le groupe ?
Nos mélodies trouvent tout naturellement source dans l'expérimentation. Il n'est pas de concept spécifique derrière cela, ou qui s'appliquerait généralement à notre approche de l'écriture des mélodies ou, tout simplement, des chansons. En dépit du fait de travailler sur la base d’un corset électronique plutôt fixe et formant généralement le point de départ de notre processus d'écriture, les mélodies et tout ce qui s’y joue se développent sans intentions préformulées. Donc, et pour te répondre, nous ne dirions pas que l’efficacité dans les mélodies est par nature représentative de notre processus d'écriture ou de notre fonctionnement général en tant que groupe.
Pourquoi dites-vous "beauty needs witness" (NDLA : la beauté a besoin de témoignage) ? Quel est le sens profond de cette chanson ?
Il est que rien n'existe sans destinataire.
Votre son, nourri de références et évocateur, est en même temps frais et nouveau, personnel. C'est le vôtre. Comment décririez-vous votre paysage culturel en termes de musique et de littérature ?
Nous nous sommes tous nourris de différentes références au fil du temps, issues de la culture des clubs, de la musique des années 1970 et 1980 et, en particulier, en nous engageant auprès d’artistes de différentes disciplines de l'art contemporain. En général, nous apprécions tout ce qui se rapporte à une thématique dystopique, existentialiste et expressionniste.
Il n'y a aucun bavardage dans la musique que vous faites : l'approche est assez minimale et, je dirais, a la "résonance de l'essentiel". Devez-vous réduire, sacrifier des couches avant d'arriver à la forme finale ?
Tout ce que tu entends est ce que nous avons trouvé. En fait, c’est le contraire : nous essayons d'ajouter uniquement des couches jusqu'à ce que cela semble correct.
Que vous révèle la crise du Covid-19 ? Comment voyez-vous le monde de demain?
Espérons simplement que ce sera un monde meilleur.
