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Album
30/07/2021

Paradise Lost

At The Mill

Label : Nuclear Blast
Genre : gothic metal / dark metal / doom metal
Date de sortie : 2021/07/16
Note : 70%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Paradise Lost ne démérite pas en conditions live, ainsi que le démontrent certains de ses enregistrements sur scène – à titre essentiel : Draconian Times MMXI et Anatomy Of Melancholy. Mais ses opus in concert les plus atypiques ne laissent pas tous une trace impérissable (le diversement apprécié et semi-orchestral Symphony For The Lost) ; or, At The Mill s’inscrit dans cette catégorie des enregistrements auxquelles les conditions d’émergence confèrent un statut à part : capturée en club en pleine période pandémique et diffusée originellement en streaming, cette collection fixe une performance précédée de répétitions intenses et réalisée sans public, à l’instar de ce que d’autres ont pu faire avant les Anglais de Halifax (Katatonia évidemment, avec la sortie il y a quelques mois d’un live payant et diffusé en ligne et enregistré en studio). La démarche de Paradise Lost transpose en club celle des Suédois, pour un résultat sobre et ambitionnant d’embrasser l’éventail sonore du combo repère de la mouvance gothic metal : aucune dimension de l’écriture n’est oubliée, des inclinations harsh jusqu’aux penchants plus mélodiques et pop.

La setlist délivrée au Mill est équilibrée et si quelques passages obligés demeurent ("As I die", classique éternel et joué ici de manière très écrasée – ce qui lui va plutôt bien), Paradise Lost concocte un set qui ne se laisse pas aller à la simple compilation de classiques. Piochant dans son large répertoire, et ce jusqu’au récent Obsidian – lequel n’a pu encore, Covid oblige, être défendu sur scène – le groupe apparaît sûr dans sa musicalité. Même si Nick Holmes a quelques petites failles (la voix sort du corps, ne l’oublions jamais), sa prestation reste honorable ; et le son général du disque, s’il n’est pas le plus spectaculaire de toute la discographie live de Paradise Lost, permet de saisir les titres dans une dimension brute ("nous voulions que ça sonne comme un bootleg incroyablement bon", a dit Nick Holmes aux gens de Radio Metal).

Le bilan est assez favorable. Mentions spéciales au feeling épique de "Shadowkings" (extrait de Draconian Times), à l’énergie raw de "One Second", au fond ouvertement gothic rock de "Ghosts", à la fougue élancée de "The Enemy", la musculature fine du classique "So Much is lost", la noirceur cinématographique de "No Hope in Sight" (un de ces moments où Holmes n’a malheureusement pas toute la constance espérée) et la ténébreuse fermeté (et le mix de basse !) du final "Darker Thoughts". Le batteur Waltteri Väyrynen, successeur du batteur Adrian Erlandsson en 2016, n’en met pas partout, et il ressort de l’expérience auditive le sentiment d’une mise en place sérieuse, sans que les conditions et le contexte permettent réellement à la musique d’exploser. At The Mill fixe alors, avant la performance elle-même, un moment d’anormalité dans la vie et le parcours d’un groupe. La solidité de ce Paradise Lost ne s’en remarque que davantage, au-delà même du désir simple et légitime d’envoyer un signe aux fans à une époque où plus grand-chose n’était possible.

Tracklist
  • 01. Widow
  • 02. Fall from Grace
  • 03. Blood and Chaos
  • 04. Faith divides us - Death unites us
  • 05. Gothic
  • 06. Shadowkings
  • 07. One Second
  • 08. Ghosts
  • 09. The Enemy
  • 10. As I die
  • 11. Requiem
  • 12. No Hope in Sight
  • 13. Embers Fire
  • 14. Beneath broken Earth
  • 15. So Much is lost
  • 16. Darker Thoughts