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Livre
09/06/2021

Pierre Avril

Black Metal, Quand Le Metal Devint Noir

Genre : black metal
Éditeur : Éditions des Flammes Noires
Texte : Guillaüme Gibeau
Photographies : Gëraldine Lenoir
Date de sortie : 2021
Posté par : Gëraldine Lenoir & Guillaume Gibeau

"Quand j'ai découvert cette musique, on ne parlait pas de black metal en France. À la rigueur de speed metal ou de thrash metal sataniste."

Pierre Avril, auteur de Punk & Metal, d'une biographie de GG Allin, chroniqueur et intervieweur sur son blog Le Scribe Du Rock, mais aussi chez Metallian, L'Antre des Damnés, a décidé de se lancer dans la rédaction d'une série de cinq livres dédié à L'Art noir. Le premier tome, Black Metal, Quand Le Metal Devint Noir, peut se voir comme une introduction.

Après une préface assez incisive de Christ Off (In Mortis Veritas et ex Prophecy), le livre s'intéresse à la "première époque fondatrice", c'est-à-dire les années 1980 et 1990, le tout entrecoupé d'interviews d'acteurs de la scène comme témoignages, et d'illustrations réalisées avec du sang par l'ultra prolifique Maxime Taccardi (K.F.R, Griiim, Trinity...).

Ainsi de manière chronologique, Le Scribe remonte aux origines pour évoquer le proto black metal puis aborder la deuxième vague, la période qui a popularisé et défini le genre tel qu'on le connaît. Ici, l'auteur n'a pas vocation de raconter de manière exhaustive l'histoire du genre. Pour cela, il renvoie à ses prédécesseurs et à la littérature de plus en plus dense sur le sujet. Il sélectionne quelques albums et groupes emblématiques pour nous livrer un regard personnel sur la gestation et l'émergence de cette musique, et c'est là tout l'intérêt de cet ouvrage.

Ainsi, on assiste avec les années 1980 à la naissance d'un genre qui n'avait pas encore de nom définitif. Les précurseurs eux-mêmes ne définissent pas leur musique comme du BM. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le BM des pionniers était même perçu comme du bruit par certains hardos à l'époque. Il faut attendre les années 1990 et l'influence de Mayhem pour que le style en devienne un à part entière, en négatif du death qui devient populaire à cette époque. Bien que des groupes émergent spontanément des quatre coins du globe, influencés par les précurseurs comme Master's Hammer, Blasphemy, Rotting Christ, Samael... C'est à cette période qu'Euronymous s'attelle à théoriser, formaliser voire marketer le black metal pour en faire un genre à part entière. Se servant de la force de la musique des groupes de sa garde rapprochée, l'Inner Circle, et de l'aura des faits divers, lui qui, à l'instar d'André Breton, décerne des certificats de black metal à quelques élus. Puis ce sera l'explosion du genre, qui passera d'une musique réservée à un cercle d'initiés pour conquérir un public plus large à partir du milieu des années 1990.

Musicalement, Le Scribe nous rappelle que, dès les débuts, le black metal est un genre protéiforme qui n'était pas encore figé ou découpé en chapelles ultra codifiées tel qu'on le connaît aujourd'hui… Ce sont des groupes qui pratiquent des musiques très variées comme Mysticum ou Summoning, mais qui sont unis par un esprit commun, comme pour le dark folk.

C'est donc tout ça que nous raconte Pierre Avril en faisant des rapprochements avec d'autres scènes musicales comme le punk, le krautrock avec souvent un regard aiguisé. Loin de s'arrêter là, il aborde les différentes polémiques qui agitent la scène : le black metal est-il mort ou toujours bien vivant ? Est-ce que le BM symphonique de groupes populaires comme Cradle Of Filth et Dimmu Borgir est de la pop ou du black metal ?  Il soulève ainsi pas mal de questions mais propose une vision honnête avec une mise en perspective souvent pertinente.

Le seul bémol qu'on émettra est la présence de quelques coquilles et parfois la sensation de déjà lu avec les passages un peu trop descriptifs des œuvres musicales surtout si vous êtes de grands lecteurs de ce genre d'ouvrages… Toutefois, c'est pinailler, car le livre se lit particulièrement bien et rapidement. Il a le mérite d'apporter un regard original sur ce courant musical riche et nous rappelle que ce genre est bien plus qu'une musique : c'est un genre qu'on vit, qu'on ne choisit pas mais qui reste chevillé au corps. De plus, Les Éditions des Flammes Noires, ont fait un bon travail : nous avons là un bel ouvrage avec un papier de qualité et en couleur pour un prix raisonnable. On attend donc avec hâte le prochain opus dédié à la scène française !