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Album
28/04/2025

Rome

Civitas Solis

Label : Trisol Music Group GmbH
Genre : neofolk / martial indus / darkwave
Date de sortie : 2025/04/25
Photographie : Benedikt Walther
Note : 88%
Posté par : Oliviër Bernard

2025 est une année très spéciale pour Rome ! En effet, le projet porté par Jerome Reuter célèbre ses vingt ans d’existence. Et le gaillard a décidé de marquer le coup de façon massive ! En effet, pas moins de… sept albums sont prévus pour fêter cet anniversaire ! Vous lisez bien : sept albums ! À cela s’ajoutent des singles et une tournée mondiale qui passera notamment par la France (le 22 octobre au Supersonic Records de Paris). Les trois premiers disques de cette collection impressionnante sont sortis le 25 avril. Nous allons donc commencer notre exploration par Civitas Solis, un opus fidèle au style de la formation, dont le titre reprend celui de l’œuvre utopique de Tommaso Campanella (La Cité Du Soleil, 1602). Une forme traditionnelle traversée par l’évocation du destin de l’Europe.

Comme toujours, Reuter cisèle ses morceaux autour de thèmes musicaux puissants, farouchement déchirants. Rome nous berce, et nous bouscule lorsque le neofolk s’époumone en protest songs avant de basculer vers le martial. Civitas Solis nous projette à la fois dans le passé, le présent et le futur. Ainsi, la pochette reprend certaines scènes des Travaux d’Hercule, mythe fondateur du continent européen. Cette image nous renvoie à l’actualité, à la nécessité de lutter face à des formes monstrueuses qui affaiblissent les peuples. En quatorze titres, le musicien dresse le portrait d’une situation tragique, une souillure de l’Histoire, nécessitant un sursaut des consciences. Mais est-il interdit de rêver, de parvenir à une unité, à la paix ? Les Anciens nous confient leur sagesse, il est grand temps de les écouter de nouveau pour réaliser ce rêve !

Civitas Solis a mûri longuement dans l’esprit du Luxembourgeois. Et le résultat est réjouissant. Nous ne pouvons que saluer son évolution sur ces deux dernières décennies. Chaque piste ici est profondément habitée par l’expression poétique d’un artiste mû par une mission. Très soucieux du sort de l’Ukraine (sa série de concerts s’achève à Kyiv), Reuter défend son statut de conteur des maux d’hier et d’aujourd’hui, dans un registre folk proche par moments de celui de Leonard Cohen. Mais, comme à l’accoutumée, les variations sont intéressantes. Rome ne tombe jamais dans la facilité.  Ainsi, nous relevons des instants de douceur bienvenus, comme la ballade "Men against Time" et des passages électroniques idoines (le très Depeche Mode "In brightest Black", "By Tradition" ou "The western Wall").

Une nouvelle fois, Rome s’impose comme une figure marquante de la scène post-industrielle. Jerome Reuter met sa passion et ses convictions au service d’une musique toujours plus poignante. Néanmoins, la perfection n’étant pas de ce monde, nous sommes moins touchés par les élans plus guerriers. Si "Food for Powder" est sympathique dans sa dimension virile, très rythmée, bien que simpliste, nous affirmons notre déception à l’écoute de "Bring me the Head of Romanez". En effet, cette chanson s’enfonce dans une obscurité malhabile et dans une emphase selon nous, assez artificielle. Hormis ces pas de côté, l’ensemble est réussi. Nous sommes une nouvelle fois saisis par cette quête d’allier l’intelligence du propos avec un son extrêmement travaillé, afin de procurer de violentes émotions.

Tracklist
  • 01. La France nouvelle
  • 02. In brightest black
  • 03. Tomorrow we live
  • 04. Food for Powder
  • 05. Ad Vindicta
  • 06. By Tradition
  • 07. Dannazione
  • 08. Bring me the Head of Romanez
  • 09. The western Wall
  • 10. White Flags
  • 11. Jupiter
  • 12. Mar’yana
  • 13. Men against Time
  • 14. Herculaneum