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Album
08/05/2025

Rome

The Dublin Session 2

Label : Trisol Music Group GmbH
Genre : neofolk / folk celtique
Date de sortie : 2025/04/25
Photographie : Benedikt Walther
Note : 94%
Posté par : Oliviër Bernard

Jerome Reuter se balade, guitare en main. De ses voyages, des perles émergent, vibrants témoignages d’un esprit européen fécond. Fin 2022, le voici de retour sur l’île d’émeraude, pour s’imprégner encore de la riche culture locale et de sa musique intemporelle. Ce nouvel opus est la suite de The Dublin Session, paru en 2019. Ainsi, notre barde a posé ses valises pendant quelques semaines au fin fond de l’Irlande pour enregistrer un disque résolument réjouissant. Bien entouré (nous noterons la présence de collaborateurs de Dead Can Dance, Van Morrison ou Christy Moore), Reuter mélange avec bonheur son neofolk habituel au folk celtique traditionnel. Onze titres où les émotions sont à vif. En effet, l’alternance entre joie et mélancolie est constante ; un périple complet en somme !

Le son monte, languide et mystérieux. L’ambient s’impose en guise d’introduction avant de bifurquer vers des rivages presque country et de s’écrouler en gigue exaltée. Ton donné ! The Dublin Session 2 navigue dans des climats opposés, mettant en scène avec maestria le patrimoine irlandais. Partageant l’affiche avec des gars du coin, le Luxembourgeois célèbre la fraternité, laissant pleinement s’exprimer l’âme de cette contrée aux mille légendes. Ainsi, le celtisme est magnifié sur des morceaux comme "Muse of Fire", "Hold the Line", "The tsarist Army" et "Deoch an Dorais" (spoken word en gaélique). Par ailleurs, nous relevons l’influence de Jacques Brel sur les maussades "An der Landwehr" et "La Peau dernière" (avec chant en français).

Cet album donne envie de danser, de nous ébattre au rythme du bodhran dans un pub à Dublin, pour mieux cacher notre désespoir. L’intensité et la vie typiquement irlandaises éclatent à chaque note ici. Les pistes sont tour à tour mélodieuses et enivrantes. Nous sentons le plaisir que Rome a eu de composer ce disque, éloigné de sa terre natale avec l’appui d’une bande de copains. Un espace de gaieté, comme un pas de côté revivifiant. Mais l’amertume guette néanmoins et s’affirme lors d’instants plus sombres ("Eirigh Anois!", "My white Rose"). À l’aise dans ces registres, Reuter propose des séquences toujours plus belles, où la chanson à boire façon Pogues cède sa place à la solennité de Sol Invictus, à la délicatesse de Loreena McKennitt ou à la rage cynique d’un Nick Cave.

Deuxième sortie de la série de sept albums prévus pour 2025, The Dublin Session 2 impressionne par sa légèreté profonde et son particularisme. Nous savions que Rome aimait découvrir de nouveaux champs d’exploration musicale, et là, point de déception ! Reuter a su totalement s’approprier le style du pays au trèfle, proposant des chansons ravissantes. Vous entendrez ici vibrer la cornemuse irlandaise (uilleann pipes), le tin whistles (ou flûte irlandaise), le banjo et le violon. Une immersion complète dans l’esthétique celtique où l’on se plaît à scander les chœurs et à pleurer sur le sort de nos frères tombés au combat (cf. l’ambiance très Braveheart de "Caoineadh na Solas"). Ce second volet dédié à l’Eire est rafraîchissant et prouve que la formation maintient un haut niveau de créativité.

Tracklist
  • 01. Upon the Emerald Isle
  • 02. Give your Heart to the Hawks
  • 03. Muse of Fire
  • 04. An der Landwehr (Lament of an Icarus)
  • 05. Eirigh Anois!
  • 06. Hold the Line
  • 07. My white Rose
  • 08. The tsarist Army
  • 09. Caoineadh na Solas (Lament for the Sun)
  • 10. La Peau dernière
  • 11. Deoch an Dorais (The final Salute)