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Ténèbres, puits sans fond. Obsküre plonge, fouine, investigue, gratte et remonte tout ce qu’il peut à la surface

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Interview
04/10/2022

Saturne & Valfeu

"Nous avons la chance d’être une sorte d’entité créatrice où tout coule de source"

Genre : witch folk / faërie / orchestral music
Contexte : parution du nouveau single "Arcana VI"
Photographies : Saturne & Valfeu | sauf Saturne in Neko Light Orchestra © Pauline Hambye [S&V FB]
Posté par : Emmanuël Hennequin

C’est une nouvelle ère qui débute en cette fin 2022 pour le projet witch folk Saturne & Valfeu. Après un premier EP (Raidho) dont l’ensemble des titres a été illustré en vidéo à l’unité avant parution du format d’ensemble, le binôme, réuni désormais à Toulouse, se projette vers de nouveaux espaces d’expression avec "Arcana VI". Ce nouveau single précède un second format EP, à l’heure où le groupe a commencé la défense de sa production sur les scènes live. L’occasion pour Obsküre de revenir en sa compagnie sur les soubassements et figures de son art : le mix amour/création, les valeurs qui nourrissent une production, la place de la sorcière dans cette construction et la façon de développer son art dans un contexte d’indépendance. Entretien – avec réponses en écriture inclusive – avec deux être pluridisciplinaires et polyvalents, celle et celui qui se sont aimés avant de se voir : la Louve, le Faune. "J'étais à toi peut-être avant de t’avoir vu", avait écrit Marceline Desbordes-Valmore.


Obsküre : Chez vous, l’amour est-il passé par l’art ou l’inverse ? L’évidence créative coïncide-t-elle avec l’évidence amoureuse, ou prenez-vous conscience d’un potentiel créatif a posteriori des débuts de votre relation ?
Saturne : Comme nous l’avions conté dans notre première biographie de groupe, nous sommes tombés amoureux par écrit, en conscience des talents artistiques de chacun. Nous savions donc à qui nous avions affaire (rire) ! Notre envie de créer un projet ensemble est donc très vite tombée sous le sens, un peu comme une "récréation" dans l’emploi du temps de ministre que j’avais alors avec le Neko Light Orchestra, projet professionnel qui ne me laissait que peu de temps libre. De plus, nous avons vécu près d’un an et demi séparés par six cents kilomètres. Saturne & Valfeu est donc un projet né dans la fulgurance : chaque création vidéo ou musicale était un jaillissement, et nous ne pouvions de toute façon pas faire autrement.

Vous deux travaillez sur l’image de la sorcière autour de Saturne. Or fin juin, vous apparaissiez sur scène lors de la fameuse première Nuit Des Sorcières. Le discours produit par vous au sujet de cette figure est libérateur et, je trouve, revigorant dans ce qu’il renverse de préjugés. Qu’est-ce qui vous attache à ce point à la sorcière ? Que reconnais-tu de toi-même en elle, Saturne ?
Saturne : C’est un aspect que je développe beaucoup plus dans les descriptions du projet pour la sortie de notre nouveau titre, "Arcana VI". Il me semblait important d’aborder plus profondément cet aspect qui me tient tant à cœur, je te remercie donc pour cette question qui tombe fort à propos ! Pour moi, la sorcière, c’est la Femme archétypale. La majuscule compte. C’est à mes yeux la quintessence de la femme solitaire par choix, libre, forte, sensuelle, épanouie dans son corps, dans sa sexualité, qui a outrepassé les tabous, qui remet au centre les instincts, l’intuition, la nature, le cœur. Elle marche pieds nus dans la terre, ressent la sagesse des grands arbres, accueille la Vie sans compromis. C’est d’ailleurs pour ça qu’on les a brûlées, ces femmes qui savaient soigner avec les plantes, qui étaient les premières psychologues, avec leurs lectures de tarots divinatoires, souvent affranchies du rôle d’épouse et de mère, qui faisaient l’amour librement, dans cette période de pudibonderie catholique à son paroxysme. Ce qu’elles représentaient était insoutenable pour la bien-pensance. La femme que j’ai pu oser devenir leur doit beaucoup.

Pour vous, quel moment vivons-nous aujourd’hui en France sur le thème des droits de la femme ? Est-ce une époque de consolidation ou de dangers ?
Saturne : Pour être très honnête, moi qui ne suis aucune actualité, qui n’ai ni la TV, ni la radio, qui me préserve autant que faire se peut de l’absurdité du monde des humains, mes avis politiques sont extrêmement limités. Je ne saurais te faire le détail de mes convictions parce que je n’en ai pas vraiment. Je sais par contre que j’ai de la chance de vivre dans un pays où le droit à l’avortement est encore en vigueur et de principe au niveau de l’Etat, contrairement aux États-Unis depuis récemment par exemple ; mais je sais également que tout ce que nous avons gagné grâce aux intellectuel·le·s de l’époque de nos mères et de nos grands-mères est très instable, jamais véritablement acquis. Les droits des femmes, ici et ailleurs, sont tels un funambule sans filet entre deux buildings new-yorkais.

Je me souviens que depuis ma plus tendre enfance j’ai toujours ressenti une mécompréhension quasi-cellulaire à propos de la nécessité même du féminisme. C’est à dire que dans notre civilisation, les femmes doivent se battre pour avoir les mêmes droits que les hommes. Ce simple postulat me fait bugger, erreur 404 dans le cerveau de Saturne. "Ah bon, mais… ça ne coule pas de source ?", demandais-je à mes sept ans. Ben visiblement… non.
Ce que je constate dans mon quotidien, c’est que de moins en moins de femmes osent faire du topless sur la plage, alors que dans les années 1980 c’était courant ! Avec Saturne & Valfeu, nous nous sommes pas mal heurtés au nivellement par le haut du retour à la pudibonderie sur les réseaux sociaux. L’un de nos visuels a par exemple été refusé parce que l’algorithme Facebook avait pris mon pouce pour un téton (ton consterné)
Valfeu : Me concernant, je ne sais par quelle opération divine j’ai encore un compte Facebook actif, après plusieurs blocages et recréations de comptes. Google est aussi assez bon en matière de censure, je me souviens d’un clip de Faust refusé pour cause de technicien torse nu sur le plateau de tournage, pris par le robot Google pour une femme torse nu…
Saturne : En ce sens je pourrais dire qu’insidieusement, ce sont les populations elles-mêmes qui se radicalisent de l’intérieur, sournoisement, sans même s’en rendre compte. D’un autre côté, vivant à Toulouse, je vois de plus en plus de garçons se maquiller et se vêtir avec des habits dits "féminins", de couples d’homosexuel·le·s s’afficher librement dans la rue ; et la question du genre qui, même si elle paraît n’être qu’un détail, transforme la langue française et fait évoluer les consciences est un indice de mouvement des pensées, aussi débattu soit-il. Tout cela a trait au féminisme finalement, car là où l’on gagne des libertés, il y a plus de liberté globalement, et pour tous·tes ! C’est aussi pour ces raisons que le corps, et surtout le corps nu, prend une place certaine dans notre projet. Il faut absolument que le regard humain garde de bonnes habitudes à ce sujet. Dès le moment où le corps redevient tabou, c’est généralement le début d’une belle période d’obscurantisme…

Si vous deviez recommander des références cinématographiques liées à la figure de la sorcière, lesquelles nous suggéreriez-vous et pourquoi ? 
Saturne : Ah ! Pas fastoche ! Généralement dans le cinéma, la sorcière c’est la méchante, évidemment hein… ! En ça, Maléfique, avec Angelina Jolie, était intéressant. Ça renversait un peu les codes. Dans le même genre : Yubaba, du film Kirikou est un personnage qui a du sens. Ces deux exemples lient la souffrance à la cause de la méchanceté du personnage. Cela dit, elles restent des femmes craintes, des ultra-féministes castratrices et vengeresses qui transforment les hommes en fétiches. Pas très progressiste tout ça... !
J’ai trouvé bouleversante Charlize Theron dans le très inattendu Blanche-Neige & Le Chasseur, un de mes films préférés de tous les temps – alors que je m’attendais à un navet total ! –, qui représente la symbolique de la femme qui perd son pouvoir si elle perd sa jeunesse et sa beauté ! Une allégorie si juste de nos sociétés, chantée d’ailleurs par Lily Allen dans sa chanson guillerette et pourtant terrible de vérité "22".

Y a-t-il ou non dans votre art commun, en parallèle de sa dimension féerique/fictionnelle, l’idée de travailler sur les croyances, peut-être de les déranger ? 
Saturne : Les questions précédentes sur le féminisme et la figure de la sorcière sont liées à cette question. La croyance sur laquelle notre attention doit être prioritairement tenue en éveil concerne à mon sens celle de la Liberté, dans tous les domaines, et le fait qu’il nous appartient de la conserver. "La liberté", dit-on, "ne se donne pas. Elle se prend."
Une autre réponse peut également être apportée, dans une tout autre dimension : j’ai vécu en juillet 2020 ce que l’on appelle une transcendance, une sorte d’ouverture de conscience spirituelle. Ça peut paraître très prétentieux dit comme ça mais en réalité, c’était violent et inattendu, j’en ai pleuré toute une journée en répétant que "tout Ça était trop grand pour moi, qui étais si petite." Une telle expérience bouleverse une vie. Aussi, développer cet univers m’est avant tout cathartique. Après, si dans un second temps ça peut secouer les croyances dans le domaine de la spiritualité, ma foi, ce sera une vraie plus-value !

Valfeu : Ceci étant dit, plus généralement, on ne peut pas dire qu’on ait fait quoi que ce soit avec une intention précise en tête. Notre duo est l’expression primale d’une création brute sans attente. On compose les chansons et on tourne les clips à quatre mains avec une même méthode, cousine de l’écriture automatique des surréalistes ou encore du théâtre d’improvisation : "la première idée est la meilleure." Pas de storyboard, pas de plan établi, on bloque juste une date de tournage dans l’agenda, et on observe ce qui jaillit de l’inconscient une fois sur place. Parfois on arrive avec quelques idées, mais l’essentiel est réalisé sur le vif : on plaque un accord et on voit ce qui en émerge ; on tente une première image de papillon dans la forêt, et puis non, finalement c’est un chat qui retient notre attention dans le village. En vérité on ne chasse pas les papillons, on chasse le beau, ou tout du moins ce qu’on trouve beau dans notre casque ou notre viseur. Si des éléments symboliques surgissent et permettent un "travail sur les croyances", cool et Dieu bénisse, comme dirait Saturne ! En tous cas, ce projet n’a pas été créé dans un but de revendication politique ou philosophique. C’est plutôt un lâcher-prise total, un abandon au plaisir de cette chasse et des surgissements inconscients.

La Louve, Le Faune. Le choix des mots qui incarnent est-il le fruit d’une réflexion partagée, ou l’un(e) d’entre vous a-t-il/elle vu pour les deux ?
Saturne : Lors de cette correspondance qui a vu naître notre amour, Valfeu m’est vite apparu tel un faune, cette créature espiègle et au physique éternellement adolescent, qui danse pendant que les mondes s’écroulent – ce qui a d’ailleurs donné les paroles du refrain de "The King-With-Horns". Lui m’a vite appelée "Louve", je pense pour mon côté franc et sauvage, indomptable, aussi protecteur envers ma tribu. Je trouvais beau d’utiliser les sobriquets de notre quotidien d’amoureux comme les noms de nos personnages de scène. À la maison, on peut entendre des phrases du genre : "Faune, tu peux me passer le sel steupl’ ?" (rire)

La sortie du premier EP a correspondu à un plan se déroulant en plusieurs étapes. Or une série de singles et de clips demande tout de même de l’organisation… Concernant la communication autour de votre art commun, diriez-vous que vous partagez un "esprit planificateur" ? Ou alors, l’un(e) d’entre vous vous semble-t-elle/il avoir un ascendant sur cet aspect des choses : ce qui doit être communiqué, comment, etc. ?
Saturne : De par sa bien plus grande expérience que moi dans le domaine, je laisse surtout le rôle de planification globale à Valfeu, et moi j’affine, j’apporte mes réserves et mes intuitions, mon optimisation, mes to-do lists.Il faut dire que toute la première année de ce projet s’est articulée autour de mon emploi du temps chargé, de la distance, et des quelques rares moments qui nous permettaient de nous retrouver et créer. Mine de rien, Saturne & Valfeu a vu le jour dans l’urgence absolue. Nous avons dû passer en tout et pour tout quinze jours (à tout casser !) pour composer, écrire, enregistrer, mixer, tourner, monter, créer la charte graphique, le site internet, promouvoir cinq titres et leurs clips qui ont au final donné l’EP Raidho ! Nous avons la chance de partager cette même fulgurance, et le fait de ne travailler qu’à deux soulage de la coordination des emplois du temps entre plusieurs membres d’équipe.
Valfeu : Pour le premier EP, pour être tout à fait précis, nous avions au départ projeté de partir cinq jours en vacances. C’était en juillet 2021. Comme la météo nous annonçait une semaine complète de pluie, nous avons revu nos plans et nous nous sommes fixé le challenge de composer une chanson par jour. Nous avons ensuite enregistré et tourné, effectivement dans l’urgence, dès que cela était possible dans l’année. La seule chose que nous ayons vraiment planifié était la sortie du dernier titre en juin, pour être dans l’énergie de notre premier concert "release party" à Lyon. Pour le nouvel EP, dont l’histoire commence aujourd’hui, nous avons plus de temps à consacrer au projet. Comme nous sommes autoproduits, nous n’avons aucune deadline imposée. On se laisse la possibilité de produire des titres de la meilleure qualité possible sans se speeder. On part avec l’idée générale d’aboutir également en juin 2023, mais sans s’obliger à quoi que ce soit.

Le single "Arcana VI" est arrivé fin septembre. Quelle est votre vision pour la suite ? Quel est le futur ?
Saturne : Devenir riches et célèbres (rire) ? Plus sérieusement, nous aimerions faire grandir notre communauté, faire en sorte que le titre voyage au maximum ainsi que le second EP à venir, continuer à faire des concerts, trouver la bonne structure pour nous permettre de tourner davantage, développer nos concepts de Nuit Des Sorcières et autres Festivals Féeriques, lesquels ont été de francs succès cet été dans d’autres régions de France.
Valfeu : "Arcana VI" est un vrai nouveau départ. Dans ce nouvel EP en cours de production, nous allons développer la nouvelle façon d’arranger présentée dans "Arcana VI", plus orchestrale, plus ronde dans les sonorités, plus cinématographique. Nous travaillons désormais dans un tout nouveau home studio à Toulouse, dont l’équipement élargit largement notre vocabulaire musical – ouvrant par exemple la voie aux cordes frottées – autant qu’il augmente notre confort. 

Comment avez-vous choisi les lieux pour le tournage d' "Arcana VI" ?
Saturne : Il s’avère que dans cette histoire on ne choisit pas grand-chose (rire) ! La Vie a le chic pour nous arroser de synchronicités fabuleuses qui nous font tourner dans de vrais paradis, au bon moment ! En fait, nous faisons feu de tout bois : dès que nous partons en "vacances" ou en concert, on prévoit toujours de prendre le matériel vidéo et photo, parce qu’on ne sait jamais hein, au cas où... ! Et finalement, ÉVIDEMMENT, les vacances se transforment toujours en tournage-shooting-planification-eh-regarde-j’ai-eu-une-super-idée-
ça-serait-trop-bien-de-faire-ça-tu-trouves-pas ?

Valfeu : Dans "Arcana VI", les images de Saturne ont été tournées par le Faune près de Buis-Les-Baronnies sur un "day off" durant notre Festival Féérique. Les images du Faune ont été cadrées par Saturne en Ardèche, la veille de notre concert au Château de Castrevieille, sous une pluie battante dans un petit bourg médiéval.

Les paysages naturels sont un acteur à part entière de vos vidéos. Depuis le début de l'aventure commune, comment s'opère le choix des lieux pour chaque clip ?

Saturne : Au gré de nos déplacements en Ardèche, où Valfeu a vécu, et de nos divers trajets vers les concerts. Parfois il nous arrive même de nous arrêter sur un bas-côté, de nous maquiller vite-vite, et de tourner ! Encore une fois, vu le peu de temps dont nous disposions, la réflexion avait plutôt des allures de réflexes !

Saturne, qu’est-ce que prendre place dans un grand ensemble tel que le Neko Light Orchestra (image ci-dessous) implique de discipline ? Que te reste-t-il de l’expérience sur les plans humain et artistique ?
Saturne : C’est une expérience très riche et formatrice. Une aventure de sept ans qui m’a permis de jouer avec des musiciens brillants et exigeants, dans les plus belles salles de France, à guichets fermés, également en Belgique, en Suisse, et même au Japon ; et donc de peaufiner mon interprétation, ma gestuelle, l’occupation de la scène… mon métier de chanteuse en somme ! La notion de discipline réside principalement dans le fait qu’un groupe tel que le NLO implique des dizaines de personnes. Musiciens, techniciens, tourneurs, etc. En tournée comme en studio, ou en répétition, chacun doit avoir un maximum d’autonomie, tout en respectant les règles établies pour tous·tes – respect de la feuille de route, de la hiérarchie, etc. – afin que toute cette machinerie reste fluide et continue à avancer.

Afficher votre vocation de conteurs, passe aussi par une collaboration sur un premier volume physique livre. Sous son nom, Valfeu sort le volume La Belle & La Bête, qui regroupe texte du spectacle de Valfeu et version originale de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. L’illustration de couverture est signée Saturne. Est-ce le début d’une collection, liée éventuellement dans le futur à votre production studio et scénique ?
Saturne : À l’origine cet album/spectacle devait être un solo de Valfeu, et comme évidemment nous aimons tout faire à deux, c’est devenu sur scène un duo dans lequel je conte, je chante, et Valfeu joue ses compositions de guitare classique et les quelques morceaux chantés au clavier.
Valfeu : pour le moment, il est prévu que les compositions guitaristiques sortent déjà sous la forme d’un album de guitare classique. Cet automne peut-être, ou bien plus tard sur un label classique. Nous travaillerons aussi probablement une nouvelle édition du livre dans l’avenir, augmenté de chansons et de dessins de Saturne. Bien que nous l’ayons déjà donné pas mal de fois en concert, ce projet est encore en cours de création.

Valfeu, tu as confié ton écrit de La Belle & La Bête à pas moins de quatre relectrices/relecteurs. Qu’attendais-tu d’eux sur pareil projet ? Pourquoi tant de monde ?
Valfeu : À vrai dire je n’ai aucune idée du nombre de relecteurs nécessaires dans un projet de roman. Il me semblait qu’une petite équipe de trois ou quatre personnes n’était pas un luxe ! D’abord, mon orthographe n’est pas impeccable (NDLR : nous sommes tentés de démentir). Ensuite, sur un livre entier, il est difficile de traquer en solo tous les détails, la ponctuation par exemple ! L’adorable Elise (ex-Transit Magazine, des heures de vol au compteur !) m’a signalé par exemple toutes les incohérences au niveau de mes guillemets, qui étaient parfois à l’anglaise et parfois à la française.

Les sentiments se mêlent à la création lorsque le couple est lui-même le protagoniste principal de sa production. Comment la création en couple est-elle vécue par vous deux ? Y voyez-vous un équilibrisme ou une évidence ? Qu’est-ce qui vous semble facile ou délicat dans ce processus ? 
Saturne : Comme évoqué plus haut, tout a été fulgurant et fluide pour ce premier EP. Coincé par des créneaux horaires dédiés extrêmement limités, nous nous sommes attachés à rester sur nos premières idées et intuitions, comme un exercice de style. Certaines chansons comme "Weeping Willow" ont été écrites et composées en vingt minutes ! Nous avons la chance d’être une sorte d’entité créatrice où tout coule de source. Et maintenant que j’ai quitté le NLO, que Le Faune m’a rejointe à Toulouse, tout va être plus doux et nous allons prendre davantage de temps pour peaufiner les choses. Ce premier EP, c’était comme… une nécessité de création, un besoin cellulaire qui a jailli des profondeurs de notre monde. À vrai dire, lorsque nous avons commencé, nous n’avions aucune autre ambition particulière que de voir ce que ça donnerait, un bébé musical entre Le Faune et La Louve. Et au vu du succès immédiat et de l’accueil du public, nous comptons bien le développer autant que possible !