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Album
04/12/2024

Spineless

Dysphonia

Label : Submersion Records
Genre : post-metal / experimental / downtempo
Date de sortie : 2024/11/01
Note : 66%
Posté par : Oliviër Bernard

Un cri, une fureur… Ce second album de Spineless démarre ainsi. La voix de Chrysa Tsaltampasi nous projette dans un monde effroyable, chaotique, violent et inique. Mais à y écouter de plus près, n’y a-t-il pas plus ? Nous allons y venir. Dysphonia est né de la rencontre entre la chanteuse et divers musiciens issus de la scène metal grecque. Celle-là a acquis au fil des années une solide réputation, au sein de groupes variés (citons Beyond Perception, Mother Turtle, Petula Russ ou encore Bella Fuzz) et d’institutions musicales. Ainsi, nous remarquons d’emblée ses grandes capacités vocales, déjà repérées sur le premier effort de ce projet récent, Speaking Of Chaos And Relative Peace (2018). Dix titres pour un format relativement court, puisque le voyage ne dure que trente-cinq minutes. 

Tsaltampasi apparaît diaphane, les cheveux teints en rose, seul élément coloré de la pochette. Une vision angélique plutôt habile car le propos général est assez sombre ; un contre-pied réussi. Dysphonia est marqué à la fois par la lourdeur et la légèreté. Une dichotomie saisissante et intéressante, mais qui a ses limites. Expliquons-nous. Le disque est divisé en plusieurs parties distinctes, le témoignage d’une palette d’émotions élargie. Mais ses sauts d’humeur ont quelque chose de déroutant, car nous constatons un manque d’unité d’ensemble. Les trois premiers morceaux par exemple sont fermement ancrés dans le metal, avec même un soupçon de black sur "Disease". Les riffs sont puissants, tendant vers un format sludge classique et relativement efficace, avec des touches de rock occulte.

Une première rupture survient avec "Me". Ce morceau d’une grande douceur, porté par le piano et l’électronique, s’impose par sa candeur et ses élans post-rock finaux (nous pouvons percevoir de façon subtile l’ombre de MONO). "Never ending Story" reproduit d’ailleurs ce schéma en l’accentuant. En effet, cette piste de clôture charme par sa mélancolie répétitive. Une ballade délicate aux notes dépouillées où la voix vaporeuse de Chrysa fait des merveilles, avant d’évoluer tranquillement vers quelques secondes de dark ambient. De même, "You" se caractérise par une tendresse communicative, servi par un beat discret. Le chant de la Grecque y est particulièrement éthéré, la pièce permet une belle respiration ; un détour onirique, mais qui s’avère de courte durée…

En effet, "To the Core" reprend le chemin de l’obscur. Les accords sont menaçants et les vocalises de Tsaltampasi deviennent de plus en plus démentes ! Le son de l’Apocalypse en somme, où le bruitisme se confronte à un jeu de batterie farouche, rendant le style indigeste. "NOZZ" prolonge cet aspect et va même encore plus loin en développant une drum’n’bass féroce et complètement folle. Vous l’aurez compris, notre avis est mitigé. Cet opus est dense et propose de bonnes choses, comme le trip-hop alangui de "Where am I?" ou les clins d’œil à The Gathering sur "Your Drama". Dysphonia est ambitieux, à l’image de références expérimentales comme Godflesh, Mike Patton ou Ulver, mais il comporte des lacunes. Trop diversifier son propos ruine une harmonie nécessaire ; dommage.

Tracklist
  • 01. Justice
  • 02. Disease
  • 03. Ode to my Procrastination
  • 04. Me
  • 05. You
  • 06. To the Core
  • 07. Where am I?
  • 08. Your Drama
  • 09. NOZZ
  • 10. Never ending Story