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Album
21/03/2022

Stabbing Westward

Chasing Ghosts

Label : COP International
Genre : electro rock
Date de sortie : 2022/03/18
Note : 77,7%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Dans les vieux pots, la soupe se mitonne au mieux et c’est – à notre grande surprise – la sauce à laquelle nous cuisinerons les Américains Stabbing Westward en 2022. Vous pouviez ronger tranquillement vos freins. Pandémie oblige, le groupe avait repoussé la sortie de son premier format long depuis plus de vingt ans, pas moins de trois EPs paraissant sur la période 2019-2021. Le souvenir plus que mitigé que nous avait laissé l’album homonyme de 2001 – et nous sommes  polis – ne fera donc pas, et tant mieux, office de conclusion à une histoire qui a patiné les années 1990 de ses glaçages electro-rock (rock industriel si ça vous chante) : des mélodies accessibles, et que mémoire retient encore. Non que le collectif ait porté le propos le plus personnel qui soit, ce qui l’empêcha sans doute d’obtenir le statut de "groupe à part" : mais il avait sa petite marque, sa respetable envergure et des disques comme Ungod (1994) ou Darkest Days (1998) laissent fort bon souvenir. Or c’est à ce niveau de qualité que revient aujourd’hui le groupe refondu autour du chanteur et guitariste Christopher Hall en 2022. 

Deux nouveaux membres intégrés entre 2016 et 2018, section rythmique toute neuve, composent le Stabbing Westard actuel autour du frontman et de l’autre historique de la bande, Walter Flakus (programmations, sons de synthèse, chœurs) : Carlton Bost (basse) et Bobby Amaro (batterie). Accompagné du sachant John Fryer, qui avait produit ses premiers enregistrements, ce line-up rénové pose avec Chasing Ghosts un ensemble bien écrit, incisif et qui recrée la chimie d’antan entre guitares et machines. Les mélodies sont simples et efficaces, les arrangements soignés, et les guitares retrouvent ci ou là un esprit ministryen ("Damaged Goods"). La façon dont s’époumone Hall ne peut – une nouvelle fois – que rappeler le cousinage avec Trent Reznor, quoique Stabbing Westward ait toujours opté pour une mise en forme moins tortueuse et somme toute, plus pop que N.I.N..

Même si le nouvel album ne bouleverse pas grand-chose de l’esthétique sonore qui a fait leur réputation (Hall a gardé de la voix et de simples tourneries de guitares restent imparables), le groupe s’accorde quelques fantaisies. Stabbing Westward se veut dansant, catchy. De ce point de vue-là, il réussit son coup ("Control Z") même si vous trouverez quelques refrains un peu faciles ("Cold"). C’est une chose, au global, bien finie et où les guitares bouclées marquent par leur vivacité ("Dead & Gone"). Vous reconnaîtrez le machinisme du premier line-up, le cru 2022 ayant pour lui ce quelque chose qui vous apparaîtra familier ("Ghost"). C’était a priori le but recherché, ce retour se plaçant à l’évidence sous le signe de la sécurité. Le groupe déploie en outre des élégances de climat qui lui attireront les faveurs d’un public gothique qui, dans les 90’s, n’était déjà pas forcément hermétique à sa cause : "Push" (basse bouclée, guitares aériennes et nappes de synthèse introductives) est de ces moments-là. Le reste est à l’avenant, Stabbing Westward ne s’autorisant de pleine fantaisie qu’en sortie avec le très ambiant "The End", où la voix de Hall paraît un brin traitée.

Chasing Ghosts signe un retour aux affaires empreint de sérieux : solidité de style, chansons fortes. Et s'il reste en ces choses, toujours et néanmoins, une dimension récréative, cette fois, c'est la version deluxe. Honnêtement, nous n’en espérions pas tant.

Tracklist
  • 01. I am nothing
  • 02. Damaged Goods
  • 03. Cold
  • 04. Push
  • 05. Wasteland
  • 06. Control Z
  • 07. Crawl
  • 08. Dead & gone
  • 09. Ghost
  • 10. The End