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Image de présentation
Album
07/06/2019

Sylker

S/T

Label : Autoproduction
Genre : electro-industrial / dark minimal electro
Date de sortie : 2019/04/15
Note : 80%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Sous le nom de Sylker, on (re)découvre l'association de deux noms de l'underground electro-industrielle. Vincent de Soul Stalker, l'un des boss de Manic Depression, revient ici sous son jour dark ambient pour des morceaux en semi-agression, un bon mid tempo crépusculaire comme savaient en produire Dive ou Skinny Puppy.  L'autre tête de ce duo, c'est Julien de Sylvgheist Maëlström. On comprend mieux alors le nom choisi, d'autant plus qu'en frison occidental (langue pratiquée du côté de Frise, au Pays-Bas) le terme de Syl(vgheist)+(Soul Stal)ker désigne le "chercheur".
Les parties rythmiques sont très travaillées, donnant une forte densité au projet, évitant ainsi la carte minimal-wave-techno-electro. On a ici un climat industriel de très bonne facture, rejoignant la noirceur d’Ice Ages (le projet de Richard Lederer de Summoning, un nouvel album ces jours-ci), avec des ajouts de chœurs synthétiques qui distillent leur malaise ("Crack") ou bien des pistes de sonorités étranges ("No Noise" et ses raclements-couinements de cuivre à la Colin Stetson). Les compositions se donnent le temps de créer des climats complets et personnels ("Killed", "Rule the World"). Sur "Your Leader", les percussions se font plus discrètes, laissant le champ libre aux nappes.
Chaque titre se distingue ainsi des autres, quoique l'ensemble conserve une très forte unité. On devine qu'il y a d'abord eu des instrumentaux qui tiennent la route avant la superposition des voix et un nouvel agencement. La diction est claire, donnant à entendre véritablement les confessions abruptes ("I gave you myself / to be your mirror / I gave you everything / Everything and more" sur "I gave You").  
 
Le duo s'était formé il y a quelques années déjà, jouant des reprises sous un mode indus-dark-electro, puis créant rapidement des titres originaux. L'envie, tenace, ne les a pas lâchés de remettre ça de façon plus poussée. Ils se sont donc retrouvés pour parachever leurs désirs de décloisonnement musical ("Hate yourself", un titre complet, paré pour devenir un tube). Le travail est complet entre ces deux sommités ; on peine à dire s'il s'est agi précisément de plaisir tant les sessions ont dû être éprouvantes dans ce que suggère cette musique (oppressante, dantesque : "Rule the World", cité précédemment), mais le résultat fait œuvre de catharsis. Même un titre comme "The Light", dansant et porteur d'espoirs (il traite au départ de la future naissance d'un nourrisson, puis part vite en vrille, dixit Vincent), garde une saveur un peu trop salée ; déconstruit et reconstruit, ce titre ne cesse de monter et descendre, tourbillon de sensations.  
 
Ce premier long format est addictif dans ce sens où chacun des morceaux garde en réserve une foule de détails qu'il conviendra de faire siens, écoute après écoute. Avec lenteur, en appuyant sur la plaie, la paire exprime des vérités sans artifices.

Tracklist
  • 01. Loosing my Mind
  • 02. Crack
  • 03. I gave You
  • 04. No Noise
  • 05. Killed
  • 06. Your Leader
  • 07. The Light
  • 08. Rule the World
  • 09. Hate Yourself