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Album
09/11/2020

Sólstafir

Endless Twilight Of Codependent Love

Label : Season Of Mist
Genre : post-metal
Date de sortie : 2020/11/06
Note : 75%
Posté par : Stephän Cordary

L’Islande, pays majestueux, austère mais sublime, a vu éclore pléthore de musiciens de grande qualité, nos favoris étant les magiciens de Sigur Rós. La culture nordique, connue pour charrier moult groupes d'obédience dark, souvent aux accents metal, accouche cependant du meilleur comme parfois du pire.

Sólstafir joue sans conteste dans la catégorie supérieure. Notre rencontre avec ce groupe a eu lieu il y a plusieurs années lors d’un mémorable Wave Gotik Treffen à Leipzig. Sans rien connaître du groupe, nous avions vu arriver sur scène de grand barbus chapeautés, à l’allure filiforme, clones réfrigérés de Fields Of The Nephilim (influence partielle qu'ils ne nient pas) qui sortiraient d’une ice cage après des années d’hibernation. À quoi s’attendre sur scène ? À une violence sonore rarement ressentie, le groupe jouant tellement fort que les accords drone de Sunn O))) pourraient passer à côté pour de douces ritournelles. Malgré l’inconfort, le groupe nous avait interpellés et un examen attentif de la discographie s’imposait à notre retour.

Le nouvel album de Sólstafir, Endless Twilight Of Codependent Love, moins pompeux que son titre, nous séduit sans peine. Le groupe délivre une musique qu’il reste difficile de classer. Loin de leurs débuts black metal, les Islandais évoluent désormais dans un post metal souvent atmosphérique, à la frontière du rock gothique et du post-rock. En plus d’une heure de musique, Sólstafir joue sur les ambiances, les rythmiques, les ruptures, les sonorités. Les orchestrations ne sont jamais grandiloquentes et l’ambiance froide mais sensible touche. La langue islandaise utilisée sur quasiment tous les titres participe à installer un sentiment d’étrangeté complémentaire à cette musique venue d’ailleurs.

L'Islande et ses paradoxes imprègnent réellement cet album. Beauté spectrale, dureté des éléments, fragilité des écosystèmes, fascination pour un monde immaculé et répulsion pour un environnement hostile, les oppositions et contrastes forment les fondements de cette nouvelle production. Les pistes sont globalement longues, souvent autour de huit minutes, mais rarement ennuyeuses. Quelques longueurs parfois, rien de rédhibitoire. Le bât blesse un peu sur les chants poussés (heureusement rares), le growl en notes aiguës étant rarement heureux. Les rares réminiscences BM sont ainsi globalement dispensables : le titre "Dionysus" ne restera donc pas notre préféré. Les parties atmosphériques, à la manière d’un Ulver de la grande époque, prouvent le talent et l’ouverture de ce groupe dégageant un sentiment de mélancolie, de spleen, de soleil gelé.  La production est globalement intéressante, Sólstafir faisant l'essentiel pour ne pas sonner trop proprement. Il y a sur certains titres des textures fortement rugueuses, presque âpres et contrebalançant le côté pur et ouaté qui en imprègne d'autres, ce qui apporte un excellent équilibre de ce point de vue.

Sólstafir livre un album globalement accessible, faisant une synthèse de leur discographie,  sans sombrer dans la facilité. L'éclectisme naît ici de l'envie plus que du besoin, permettant aux Islandais de ne sombrer ni dans l’incohérence ni dans la démonstration. La longueur des morceaux nécessite certes une première approche attentive mais qui, au final, sera récompensée.

Tracklist
  • 01. Akkeri
  • 02. Drýsill
  • 03. Rökkur
  • 04. Her Fall from Grace
  • 05. Dionysus
  • 06. Til Moldar
  • 07. Alda Syndanna
  • 08. Ör
  • 09. Úlfur