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Album
12/07/2019

Sômbre

Linsay

Label : Uproar For Veneration
Genre : post-punk / cold wave / electro
Date de sortie : 2019/02/20
Note : 75%
Posté par : Emmanuël Hennequin

C’est le charme des petites productions, de l’autonomie : ce feeling, à l’écoute, qu’on n’a pas forcément 100 000 € à mettre dans le studio mais que, d’autant plus, le temps qui y sera passé devra être mis à profit. Le soin porté aux choses : crédo fait sien par le binôme Sômbre, créé en 2011 par Cédric Manine et Axel Wursthorn. Mais il y a bien un studio, dans cette histoire, non ? Oui : le Walnut Groove, lieu d’exercice d’Axel. Il a fait le son, bien entendu : une certaine idée du contrôle, un esprit DIY.  
 
Nous faisons les choses parce que nous venons de quelque part. Eux deux n’ont jamais fait mystère de leurs influences (Dead Can Dance, Killing Joke, Joy Division, parmi mille autres). Mais si un musicien ne se résume pas à ses influences, ce qu’il fait sort d’un bain culturel. Et Linsay le dit. 
C’est un beau disque. Les couches sont économes, et les progressions s’inscrivent dans une forme minimale. Dire le plus avec le moins : point trop de matière, si ce n’est celle du sensible. La mélancolie et une forme rentrée d’énergie infusent alors nombre de contenus ("Down", "We will coalesce"). Les basses sont linéaires, contenues : une manifestation de l’esprit coldwave. La basse est anti-démonstrative, tapisse le fond en même temps qu’elle donne ampleur. Sans excès cela dit. Contrairement à ce qu’a pu faire un Cure à ses belles heures, la basse intègre une partition égalisée. Un clair-obscur onirique : le mix recherche un certain équilibre tout en mettant en valeur les spécificités de la musique du binôme : guitares minimales mais parfois arachnéennes (le membre live Lawrence Lifescarred aura une responsabilité esthétique), électronique hypnotique et dansante ("ALF"). Et les mélodies envoûtent souvent (le romantique "Linsay", le plus introspectif "The Master").
 
Sômbre s’inscrit dans certaines traditions musicales, assez évidentes à l’écoute sans pour autant qu’elles encombrent. Le groupe ne pastiche rien : il écrit et produit un son assez direct et envoûtant, sans tomber dans une forme d’académisme. Le groupe fait alors part d’une réelle sensibilité tout au long de ce premier format long, un son à la musculature équilibrée doublé d’un souci textuel. Dans les mots se trouve le projet d’une existence autre ("New Creatures") et sur la fin, le groupe mange une substance extérieure : Kim Wilde passera à la casserole, via une version retenue de "Kids in America". Un disque d’identité, affirmatif, au charme certain et sans effets de style encombrants.
 

Tracklist
  • 01. Intro
  • 02. Black Skin Twins
  • 03. Down
  • 04. New Creatures
  • 05. ALF
  • 06. Linsay
  • 07. The Master
  • 08. False Illusions
  • 09. Find the Light
  • 10. We will coalesce
  • 11. Outro
  • 12. Kids in America