Le son d’une immensité que la vie a désertée, ou au cœur de laquelle n’en subsistent que quelques fragments. Chèvres sauvages. Christopher Walton capture un fragment du presque rien, une image sonore de l’aube de la fin. En ce sens, il est un maître du dark ambient, en ce qu’il nous fait avoisiner le rien... ou le début des choses car le propos du disque ne tient aucunement en une pleine option négative.
Le ressenti est plus fort que nous. La mise en forme joue sur la répétition, cette musique tintinnabule sans fin ("Cup & Ring"), nous laissant avec cet espoir qu’il se passera quelque chose, qu’une forme bougera à l’horizon.
Sur la moitié des structures, TenHornedBeast joue la carte de l’étirement, grignotant l’espace-temps comme on couche un puzzle. Le néant, lui, n’a pas ces limites que trouve le nombre de pièces et que la musique doit s’imposer ; et dans son minimalisme, dans ses couches dronesques qui donnent le sentiment qu’elles n’en finiront jamais, dans cette lumière diffuse qui ne trouve jamais complet éclat, Capra Hircus nous rapproche de l’infinie désespérance : celle qui forme des boucles sans lendemains, celles de ces "paysages rêvés", qui ne se révèleront plus, ce sentiment que les fragments de vie sont les derniers.
Du clair ou de l’obscur, qui l’emporte à la fin ? Un son dont la masterisation est, comme toujours lorsque l’on parle de publications de Cold Spring, signée du maître d’Attrition, Martin Bowes.