Digital Media / Dark Music Kultüre & more

Chroniques

Musiques, films, livres, BD, culture… Obsküre vous emmène dans leurs entrailles

Image de présentation
EP
15/07/2025

Thalie Nemesis

Catarsi Apotropaica

Label : autoproduction
Date de sortie : 2025/05/30
Note : 80%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Cela fait plaisir de savoir qu'on pourra compter ces prochaines années sur une figure de qualité en provenance d'Aix en Provence car depuis Tamtrum, la ville semblait écraser de chaleur les quelques personnes en noir.

Je ne sais pas si Thalie s'habille en noir et souffre de la chaleur. En revanche, son EP cinq titres marque fortement les esprits. Après un premier album en 2014 chez Infrastition, elle revient en ce début d'été, annoncée par deux clips professionnels. On avait déjà annoncé sa sortie en news mais l'envie a été forte d'aller plus loin. Un clip accompagne "A barbaric Language". Sa pop-noise électronique offre sur un rythme lent et pesant une entrée idéale dans cet univers. Zone désaffectée, batte de baseball et carabine, noir et blanc, fuite le long des rails, colère et fumigènes. On placera Thalie Nemesis sur des pendants racés et enragés comme How To Destroy Angels et Louisahhh.

Pourtant, le projet dépasse le cadre de ce rock industriel contemporain, en témoigne les visuels mythologiques, le titre en latin, les références philosophiques (l'acédie) et les intentions : "Cet EP propose cinq incantations apotropaïques, des rituels sonores pour repousser les malédictions et les présages funestes, dans la lignée des pratiques ancestrales des anciens Grecs et Arméniens." 

Il y a certes un petit côté Pythie dans "Cassandra (le Baiser de la Fin)" avec une voix plus imposée et des martèlements. Pourtant le traitement met le chant en léger retrait, donnant plus de présence aux guitares death rock et gothiques ; l'entrelacement des voix sur le pré-refrain acte la présence et la force qui s'impose.

Les paroles explorent les relations du couple, interrogeant l'absence et le silence, l'invisibilité. Face à ces trois premiers titres, les deux derniers posent des envies : devenir une idole, passer les dangers, affirmer sa force et son symbole. 

Les lignes mélodiques sont simples, efficaces, mais dopées aux arrangements : ça furète et grouille dans les recoins, les détails se superposent, créant une complexité, une ambiance. La voix tient alors sa place, laissant l'atmosphère guider les envolées, puis se faisant plus discrète ("À demi-Mots"). Les compositions sont travaillées pour ne pas sombrer dans la redite ("No Surrender", un bon titre de fin avec toutes ses évolutions).

Thalie fait intervenir un duduk (une sorte de clarinette arménienne) sur "A barbaric Language" dans des volutes orientales qui vont bien avec le martèlement. C'est un équilibre qui est trouvé dans cette expression de la violence préméditée. "Acedia" à son tour crée un équilibre entre un chant épuré, délicat, presque murmuré et une ligne de guitares qui flageolent. Le clip illustre cette opposition avec les deux femmes, la blonde assise, la brune qui marche. La complémentarité ou bien le double dégradé, l'autre en soi. "No Surrender" revient au son du duduk, lequel s'agite alors que la musique s'apaise, confiante, portant en elle toutes les victoires passées et à venir car ces femmes maltraitées sont des milliers. Elles sont une force.

Tracklist
  • 01. A barbaric Language
  • 02. À demi-Mots
  • 03. Acedia is my Partner in Crime
  • 04. Cassandra (le Baiser de la Fin)
  • 05. No Surrender